
Le parlement grec adopte un nouveau plan d’austérité, ceux-ci ne se comptent même plus aujourd’hui. En pleine récession, endettée et acculée par des taux prohibitifs, la Grèce ne trouve plus de moyen autrement qu’à se financer auprès de la Troïka, mais la contrepartie est lourde.
Une situation toujours plus mauvaise
Depuis 2009, il est question de sauver la Grèce à chaque sommet européen, et la situation ne s’est jamais améliorée de cette époque à aujourd’hui. La Grèce accuse d’une dette de plus de 170% de son PIB, menant à une récession anticipée de 5.3% pour 2012. En plus de cette peine conjoncturelle, le gouvernement entend bien réduire encore le déficit public attendu pour l’heure à 6.6% à 5.2% en 2012. L’effort est une nouvelle fois considérable, ce sera plus de 12 milliards de dollars d’économies, cela ne parait pas si exceptionnel vu de France, mais la Grèce a un PIB de 300 Milliards de dollars, si on le reporte à notre échelle, c’est comme si on prévoyait une coupe de plus de 100 milliards de dollars ce qui représenterait un peu moins du budget l’éducation nationale plus celui de la défense.
L’effet d’éviction
La réalité de ce phénomène a souvent subi des critiques et fait encore débat, présenté par les classiques pour dénoncer l’interventionnisme de l’Etat, il est réfuté par les keynésiens. Cependant dans le cas de la Grèce, il semble bien se montrer. L’effet d’éviction arrive lorsque le secteur public tend à supplanter le secteur privé, de ce fait l’Etat à tendance à puiser dans l’épargne privée pour financer les déficits publics. Ce qui en ressort, c’est que l’Etat va profiter d’emprunt à bas coût, car le pays étant l’ensemble, sa dette est nécessairement plus sûre que celle de ceux qui le composent. Ces emprunts obligataires vont ainsi mobiliser une partie de l’épargne nationale, et cela se fera au détriment d’investissements productifs, c'est-à-dire dans le financement des entreprises privées. Le pire, et là où c’est difficilement compréhensible, c’est que malgré une dette aussi abyssale, les dépenses publiques d’après les données de l’OCDE n’ont guère dépassé les 20% du PIB alors qu’en France on reste au-dessus.
Le véritable problème grec
On rabâche sur la balance commerciale négative française, en Grèce la situation est bien pire et depuis bien plus longtemps, avant même la crise. En effet, celle-ci accuse d’un déficit commercial de plus de près de 17 milliards d’euros en 2011, soit une perte de plus de 8% de son PIB. La raison en est simple, c’est cet effet d’éviction lié à la facilité de crédit du début des années 2000. A travers une large ouverture des marchés financiers et du marché européens, les grecs sont passés spontanément d’une économie assez centrée sur le secteur primaire à une économie quasi exclusive de services au détriment de l’industrie. De ce fait, la Grèce n’exporte rien, sa consommation représente plus de 70% du PIB, et donc plus elle consomme et plus elle importe donc le gain de consommation est perdu en importation. Le problème de la Grèce est structurel, dans une économie totalement improductive, il est impossible que la Grèce puisse retrouver une croissance lui permettant de rembourser sa dette. Economie largement dominée par la consommation privée et publique, les mesures keynésiennes devenues prohibées, de surcroit appuyée d’une austérité massive, la Grèce ne peut que continuer dans la récession. Sans croissance la Grèce ne remboursera pas sa dette, et dans les conditions actuelles, une relance par la consommation serait vaine, ce pays n’a plus aucune chance, il fera défaut.