
Les gouvernants européens auront veillé tard la nuit dernière, et peut être est-ce grâce à cela que l’espagnol et l’italien auront réussi à arracher des mesures d’urgence. Non loin du chantage, ces derniers ont eu droit à de fortes concessions qui certainement n’auront pas manqué d’agacer l’axe franco-allemand.
Un coup de force du sud
L’objectif de François hollande pour ce sommet était de faire adopter son pacte de croissance, la cible est atteinte. Mais entre deux, l’Italie et l’Espagne ont pris la décision de ne pas accepter ce pacte si des mesures d’aide d’urgence n’étaient pas concédées à leur égard. Face à ce chantage, le président français a cédé en plaidant : « je les comprends ». Bien sûr, le pacte de croissance, c’est la proposition phare du président français en politique européenne, sans l’avouer elle représente aussi très bien le contrepied à la politique européenne du prédécesseur marquée par le pacte budgétaire. Ici on reste dans l’affirmation de l’anti-sarkozysme, et un échec de cet accord aurait été décrédibilisant pour sa politique. Le président français n’a donc pas eu autre choix qu’à céder aux quémandes, et se ranger de leur côté pour faire plier l’Allemagne.
Qu’ont eu les deux pays ?
En premier lieu une recapitalisation directe de banques espagnoles grâce au MES et au FESF dès lors qu’il en sera techniquement possible. L’objectif est d’éviter au gouvernement de devoir s’endetter à des taux presque prohibitifs seulement pour la recapitalisation des banques. Ces mesures devraient alléger les taux obligataires espagnols qui ne cessent de croitre ces derniers mois. En contrepartie, l’Allemagne requiert néanmoins une supervision des banques auprès de la banque centrale européenne.
D’autre part, les deux Etats pourront avoir accès aux MES et au FESF pour se financer à travers le rachat de titres de dette par ces derniers. Cette méthode permettra de contourner les créanciers internationaux, donc de relâcher la demande à leur égard et par conséquent faire baisser un peu les taux qui ne cessent de grimper. Mais il ne faut pas oublier que le MES et le FESF sont financés par les Etats européens, ils deviennent alors des organes de financement plus réguliers, ce qui s’approche assez des Euro-bonds.
Le gain du pacte de croissance
Il concerne le financement d’entreprise avec un surcroît de 10 milliards d’euros de capitalisation pour la banque européenne d’investissement. Le total du plan est de 120 Milliards d’euros, soit un pourcent du PIB de la zone euro. Il servira aussi à des plans plus keynésiens sur de l’investissement direct dans les infrastructures, l’énergie et les transports. Outre cela, il inclut des mesures visant à améliorer la compétitivité de la zone euro en améliorant le commerce intérieur par la diminution de réglementation ou alors la convergence des politiques fiscales (ce qui reste étonnant vis-à-vis des forte divergences à ce sujet entre la France et l’Allemagne).
En conclusion, même si l’Espagne et l’Italie ont un peu joué les profiteurs à cette tablée, ils ont su en retirer des aides cruciales pour la stabilité de leur financement. Mais encore une fois, cela reste presque de la menace. Les arguments contre l’euro se multiplient en Europe et notamment en ce moment en Allemagne et aux Pays Bas. L’attitude de l’Italie et de l’Espagne à ce sommet pourrait continuer à accroitre les tensions.
Merci Roland,
Il reste une question en suspend, quelle sera la réaction du parlement allemand...
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