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Faire défaut, est-ce si grave ?

argentine

Le niveau de la dette publique française, en rapport des recettes de l’Etat ne laisse présager qu’une funeste fin à l’égard des prêteurs. Etant donné les quantités massives d’aides et de facilités de paiement attribuées à la Grèce, il semble que les hautes autorités craignent plus que tout, le défaut d’un Etat. On peut alors se demander ce qui pourrait bien advenir le cas échéant, et si cela serait si catastrophique que prévu.

La dette en France

Elle est à un niveau actuellement de 1820 milliards d’euros, représentant alors 91.3% du PIB français. Mais on en conviendra, cette comparaison ne montre que la taille de la dette face à la taille de l’économie, et ne reflète en aucun cas la capacité de remboursement (hormis si ce n’est par une corrélation). Il faut comparer la dette au niveau de recettes totales de l’Etat. Au total, en 2012 l’Etat cumulera un peu plus de 219 Milliards d’euros de recettes, et ce contre plus de 290 milliards d’euros de dépenses. Alors sans tenir compte du déficit sur l’année, si on compare le niveau de la dette par rapport aux recettes, et ce de manière absolue, on trouve que la dette nationale est à plus de 830 % des revenus de l’Etat.

Nombres sont ceux qui comparent le niveau de la dette au PIB, mais cela reste absurde. En effet, il faut se ramener à l’Etat, car c’est l’Etat qui paye la dette par la voie du contribuable. Donc, on ne peut se référer qu’aux ressources de celui-ci. Il existe toutefois un rapport indirect entre la capacité de remboursement et le PIB, puisque s’il y a croissance, elle implique une hausse des revenus provenant des taxes. Mais on ne peut pas dire que la croissance brille en ces temps, et mesurer la dette au PIB ne donne pas d’indication pertinente. Il faut mesurer ce que l’on doit par rapport à ce qu’on gagne, et non pas de tout ce qui passe sous les yeux. Imaginez avoir une dette de 20 000 € avec un salaire annuel de 2200 € et avec 2900 € de frais annuels, vous pensez avoir une quelconque chance de rembourser ? Bien sûr que non, alors comment faire, il faut augmenter les prélèvements, et pourtant les charges en France sont déjà bien élevées. Alors il faut diminuer les dépenses, mais les dépenses maintiennent la croissance, et donc les revenus des taxes, faire de la rigueur ne suffirait pas. Donc partant de ce constat évident, la France fera banqueroute.

Le défaut n’existe pas vraiment

Pour un Etat, la notion de dette n’est pas la même que pour tout un chacun. En effet, vous savez qu’hormis par la guerre, un Etat ne peut disparaitre, il est éternel. Ainsi, ses dettes le sont aussi, l’idée qu’un Etat puisse dire : « je ne rembourse pas, point barre » est erronée. Lorsqu’instantanément, un Etat n’est plus en mesure d’honorer ses créances au jour le jour, il se passe un évènement de crédit. C’est-à-dire que l’Etat en question va renégocier ses contrats avec ses créanciers de manière à être en disposition de les rembourser (étalement des échéances, réduction de taux, annulation de certaines créances…). Mais, encore une fois, cela serait trop simple si cela ne consistait qu’en cela ; car s’ajoute à cela une mesure coercitive, une interdiction d’accès aux marchés financiers. Ramener à plus petite échelle, c’est un équivalent d’interdiction bancaire, ou plus précisément d’emprunts et de découverts.

Les politiques peuvent effrayer en agitant le risque de défaut comme une destination inconnue, mais nous disposons d’un très bon exemple, celui de l’Argentine. En effet, en 2001 celle-ci est en péril, elle ne peut plus honorer ses dettes. A ce moment-là, elle est exclue des marchés internationaux du fait de sa banqueroute (ce qui est toujours le cas). Ce faisant, elle commence à rembourser le FMI, mais les institutions privées elles, attendront et devront renoncer à leurs créances (environ 70%). En 2005 et en 2010 l’Argentine propose des offres pour à nouveau négocier la dette, et face aux prêteurs privés, elle remboursera près de 92% des créances restantes, preuve qu’elle peut continuer à se financer, même à défaut de trouver source à l’extérieur. La situation n’est pas au beau fixe non plus, mais elle n’est pas aussi calamiteuse qu’en Grèce.

Comment s’en est sortiel’Argentine ? Elle a un niveau de productivité faible, et se colle au dollar alors trop fort (car avant il y avait une hyperinflation, en disant 1 peso = 1 dollar, elle est sortie de cela). Pour relancer, elle supprime cette fixation et dévalue afin relancer l'exportation et la production. L’agriculture argentine est très forte, elle va maintenir un haut niveau d’exportations, et grâce à ces gains importants en devises, elle va pouvoir s’autofinancer. En effet, ce sont les nationaux qui vont prêter à l’Etat. Cette recette va payer.

Quelle comparaison en France ?

La France n’est pas encore au stade que l’Argentine a connu avant 2001, mais des pays comme l’Espagne ou le Portugal rassemblent tous les critères. C’est-à-dire, un euro beaucoup trop fort, une dette abyssale axée sur une économie de consommation et non de production. La France s’en approche aussi, cette situation va continuer, et force est supposer que nous allons connaître la même situation que l’Argentine à terme. Une alternative, serait une fuite en avant façon Keynes, c’est-à-dire se lancer dans un recours massif de la planche à billet auprès de la BCE, mais cela semble assez peu probable aux vues des positions d’outre Rhin.

La France s’entête à vouloir rembourser quoiqu’il arrive, pourquoi donc ? Le manque, la dette est la dope de la croissance française, c’est un cercle vicieux. La France veut rembourser pour pouvoir à nouveau réemprunter plus tard. Cette situation absurde conduit à une économie de consommation tout à fait improductive qui ne cesse de se désarmer elle-même face à l’avenir. Si nous devions sauver une seule chose, ce n’est pas l’argent, mais les usines ; les capitaux vont et viennent, mais les unités de production elles, restent.

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