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Les Soft Commodities (matières premières agricoles)

  • tchou821

    Bonjour,

    après une discussion avec FX_Scalper, je propose de vous parler des Soft Commodities.
    En guise d'introduction, le vais commencer par un rapide historique de ce marché particulier, car lié à des productions réelles avec un cycle de production long et saisonnier dans 2 hémisphères.

    Une forte croissance de la demande mondiale en matières premières agricoles
    La FAO (Food and Agricultural Organization) et l'OCDE s'accordent à dire que la production agricole devra augmenter de 70% d'ici 2050 pour subvenir aux besoins croissants de la population.

    Cette forte augmentation s'explique principalement par 3 facteurs :
    - Une augmentation de 30% de la population mondiale, +2,3milliards de personnes entre 2009 et 2050
    - Une modification des habitudes alimentaires de la population des pays en développement et notamment une augmentation de la consommation de viande. Cette transformation diminuera la quantité de céréales disponibles par habitant puisqu'il faut en moyenne 7kg de céréales pour produire 1kg de viande.
    - Un développement important des débouchés non alimentaires des productions agricoles notamment les biocarburants

    Un challenge pour le secteur agricole dans les prochaines années
    En 2007, le ratio « stock to use » (niveau de stock par rapport à la consommation annuelle) avait atteint son plus bas historique depuis 50 ans. Après deux années de production record de grains, les niveaux de stock, même s'ils ont été en partie reconstitués, restent historiquement bas. Et toute année en deçà des records de production entrainerait une nouvelle baisse des stocks et une nouvelle forte volatilité des cours.
    Selon la FAO, des investissements significatifs sont nécessaires dans le secteur agricole afin de garantir un équilibre entre l'offre et la demande en matières premières agricoles.

    Concernant les prix de ces matières premières, toujours selon la FAO ; « ...il y a de fortes raisons de croire, qu'il existe maintenant des facteurs permanents qui maintiendront les prix des grains à des niveaux supérieurs à ceux des années passées et réduiront leur diminution à long terme en terme réels. »
    tchou821 a joint une image
    presentation-des-soft-commodities-matieres-premieres-agricoles-6301
  • tchou821

    Pour commencer, nous pouvons parler du maïs.

    Le maïs est la céréale la plus cultivée au monde, la production de grains devançant légèrement celles du riz et du blé. D’importantes surfaces sont également consacrées à la production de maïs-fourrage destiné à l’alimentation du bétail soit en vert, soit sous forme d’ensilage. À titre d’exemple, en France, le maïs-fourrage occupe 44 % de la sole plantée en maïs, soit environ 3,2 millions d’hectares.

    Les deux premiers producteurs, États-Unis et Chine, représentent près de 60 % du total mondial, 40 % pour les premiers et 20 % pour la seconde. En Europe, la France, l’Italie et la Roumanie sont les principaux producteurs. Le record de production est de 820 millions de tonnes en 2008.
    Les exportations mondiales représentent environ 100 millions de tonnes, soit 14 % de la production. Les cinq principaux pays exportateurs, plus de 80 % du total mondial, sont, en 2005, les États-Unis d’Amérique (49,2 Mt), l’Argentine (14,8 Mt), la Chine (9,1 Mt), la France (7,8 Mt) et l’Ukraine (3,1 Mt). La France exporte principalement vers ses partenaires de l’Union européenne qui est globalement déficitaire.

    Les pays importateurs sont beaucoup plus diversifiés ; les cinq premiers, représentant un peu plus de 50 % du total sont, en 2005, le Japon (16,7 Mt), la Corée du Sud (8,7 Mt), le Mexique (6,0 Mt) l’Égypte (5,9 Mt) et la Chine (5,3 Mt).
    Les cultures de maïs transgénique ont porté, en 2006, sur 25,2 millions d’hectares répartis dans 13 pays, soit 25 % du total des cultures transgéniques au niveau mondial et 17 % environ des surfaces cultivées en maïs.
    tchou821 a joint une image
    presentation-des-soft-commodities-matieres-premieres-agricoles-6302
  • Lu-K

    Je pense que ce thread vaut le coup d'être épinglé ;)
  • FX_Scalper

    Spéculer sur la tendance du marché du sucre ne s'improvise pas. Il s'agit d'un marché de matière première par excellence aux variations erratiques et volatiles à souhait; l’expérience et la connaissance des produits sont donc indispensables à tous investisseur qui souhaitent s'aventurer dans ces contrées financières si particulières.
    La plupart du temps les professionnels estiment qu'environ 80% des intervenants sur ces marché perdent de l'argent alors qu'il n'y a théoriquement qu'une chance sur deux de gagner et de perdre. Seulement, les 4 ou 5 % de traders qui accumulent de gros profits compensent 50 ou 60% des mises perdus par les investisseurs qui échouent. Méfiance donc avant de se lancer dans l'achat de contrats à terme. Le sucre c'est 31 million d'hectare de surface de production dans le monde, avec deux matières premières à l’origine de sa fabrication à savoir la canne à sucre et la betterave sucrière. L'économie sucrière mondiale a connu au XX éme siècle un formidable essor. en effet, la consommation mondiale de sucre est passé de 8 millions de tonnes en 1900 à 130 millions de tonnes aujourd'hui. Canne à sucre et betterave se partagent donc le marché. la betterave est cultivée dans les régions tempérées et notamment en Europe, alors que la canne a sucre est cultivé dans les zones tropicales. Les zones de sa culture sont ainsi nettement plus étendues. au début du XX éme siècle le sucre de betterave couvrait les 3/5é de la consommation mondiale. aujourd'hui cet équilibre s'est inversé: parmi les 111 pays producteurs de sucre recensée,73 cultivent la canne a sucre et il fournissent les trois quart de la production mondiale. il existe deux type de marché pour le sucre. le premier est le marché préférentiel qui représente les livraisons d sucre a des conditions particulières dans le cadre d'accord bilatéraux entre les pays exportateurs et importateurs ces accords entre pays prévoient des tonnages, les conditions de paiement, de transport et de qualité. le deuxième est le marché libre qui correspond aux échanges de sucre entre acheteurs et vendeurs sans qu'il y ait de régulation sur les prix l'organisation internationale du sucre ou ISO a été mise en place par les état producteur, Celle-ci a pour objectif de rechercher une certaine stabilité des cours du sucre sur les marchés mondiaux, un peu à l'image de l'OPEP(pour le pétrole) qui augmente ou diminue les quotas de production de ses pays membres en fonction de l'évolution des cours de maniérés a maintenir les prix dans une fourchette(international sugar association) joue donc ce rôle de coordinateur entre les différents pays producteurs de sucre. En Europe, l'organisation économique du sucre est soumise à une réglementation communautaire qui impose un régime de quotas de production, des garanties de prix et une participation financière des producteurs aux couts de résorption des éventuels excédents. Cette règlementation assure ainsi une sécurité d’approvisionnement pour les consommateurs et pour les usines de transformation de la betterave sucrière. De l’autre côté, les producteurs sont assurés de pouvoir vendre leur production a prix garantis pour des volumes prévus a l’avance. Au-dessus de ces quotas leurs productions ne peuvent plus être commercialisées sur le marché communautaire. Ainsi l’union européenne et les état unis offrent des conditions de sécurité à leurs agriculteurs qui sont très avantageuse par rapport à celles que connaissent les planteurs de canne a sucre des pays tropicaux qui sont eux tributaires des marchés étrangers.

    La production et la consommation de sucre dans le monde

    Au cours des vingt-cinq dernières années, la production de sucre a triplé, la canne a sucre bénéficiant plus particulièrement de cette hausse de la demande. Si en 1993, le volume de sucre provenant de la canne représentait 64% de la production mondiale, en 2001, il représente désormais 71 %. Cette croissance de la canne à sucre a plusieurs causes. Le fait que la production de la betterave soit fortement réglementée aux états unis et en Europe empêche l’offre de s’adapter à la demande. En outre l’agriculture dans les pays de l’EST est désorganisée et les superficies productrices de betterave sucrière diminuent de 3 à 4 % par an. Les producteurs de canne à sucre, chine et brésil en tête compensent donc ces insuffisances européennes pour faire face à la croissance de la demande. Au niveau des chiffres, L’Amérique est la première zone de production dans le monde avec 40 millions de tonnes dont 17 millions de tonne produits par le brésil. L’Asie avec 38.9 millions de tonnes devance l’union européenne qui produit 28.6millions de tonnes. Le continent américain est la première zone de production mondiale. Les principaux producteurs sont l’inde, le brésil, la chine, les usa, le Mexique et cuba. Au niveau des achats 70% de la production est consommée directement par les pays producteurs. Seul un tiers de la production est vendu en exportation. L’Amérique du sud et l’Europe de l’Ouest se partagent la place de première région productrice de sucre avec 23 millions de tonnes produites soit 18% de la production mondiale. Le premier producteur mondial de sucre est l’inde. Cependant il autoconsomme quasiment l’intégralité de sa production, le brésil est un gros exportateur avec environ 6 millions de tonnes par an. Les autres producteurs importants sont la Thaïlande, le Mexique, la France, les philippines, l’Allemagne de l’est et l’Australie. La progression du Pakistan est importante depuis quelques années. Alors que les exportations du brésil de la Thaïlande et de l’Australie sont en constante augmentation, celle de cuba diminuent et celles de L’union Européenne stagnent. Enfin, il faut savoir que la majorité des sociétés effectuant le traitement du sucre roux ou de la betterave, ainsi que les sociétés de commerce se situent dans les pays industriels développés de l’Europe occidentale. Au cours des vingt dernières années, la consommation s’est développée en volume en Amérique centrale en Afrique et en Asie. Aujourd’hui les états d’extrême orient (inde et chine) représentent un débouché en pleine ascension, l’Asie est déficitaire en sucre et représente un marché de 10 millions de tonnes pour les importateurs. La majorité de la consommation mondiale se concentre dans les pays industrialisés. La Russie, l’Europe, les états unis, la chine et le japon sont les plus grands importateurs. Les huit premiers consommateurs représente plus de la moitié de la consommation mondiale. En chiffre le premier importateur mondial est la Russie avec 5 millions de tonnes. Vienne ensuite les états unis, le japon, la Corée, la chine, le canada.
    Les éléments qui influencent les cours du sucre

    Le sucre est une denrée de base et les consommateurs sont moins sensibles au prix que pour d’autre matières premières. De plus le degré d’autosuffisance des grands pays comme l’inde et la chine limite les risques de tension soudaines sur le marché ce qui contribue a diminuer la volatilité des cours, Par ailleurs, certains grands pays producteurs comme le brésil, l’Australie ou la France sont capable d’augmenter rapidement leur production, les flambées de prix du marché comme en 1974 et 1981 semblent aujourd’hui exclues, des facteurs économiques et politiques peuvent cependant affecter l’offre et la demande de sucre, tels les revenus des consommateurs et la croissance de la population. Mais le climat et le nombre d’hectares de plantations jouent également un rôle comme dans toute production de matière première. Les sècheresses et les inondations peuvent avoir un impact a court terme, bien qu’elles soient souvent compensé par la hausse de production par les autres zones, le cours mondial du sucre dépend également du niveau des stocks, généralement les cours commencent à baisser lorsque les stocks dépasse cinq mois de consommation. Les politiques commerciales des pays producteurs et consommateurs ont également un impact important, une réduction des quotas d’importation de sucre d’un pays peut réduire la demande en sucre sur le marché libre alors que le prix de soutien élevé peut encourager une offre domestique abondante et une augmentation de l’offre de sucre sur le marché libre.

    Les marchés à terme

    Deux sorte de sucre sont cotées sur les marchés à terme : le sucre blanc et le sucre roux. Les transactions peuvent s’effectuer soit sur le marché à terme soit sur le marché au comptant. Les cotations sur les marché à terme de sucre roux s’effectuent à la bourse de new York sur le csce(coffe,sugar and cocoa exchange) :www.csce.com les cotations sur le sucre blanc sont traitées à la bourse de Londres sur le liffe ( London international Financial futures and options exchanges) : www.liffe.com les intervenants sur les marché à terme sont les producteurs, les raffineurs et les négociants. Les producteurs ont en général des stocks physique de sucre qu’il vienne vendre ou couvrir contre une éventuelle baisse des prix sur les marchés. Les négociants sont les intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs, il leur arrive de spéculer de temps en temps sur la tendance des prix. Sur les marché au comptant du sucre qui représente des échange physique des bateaux chargés pour un port déterminé sont acheté et vendu. Lors des ventes les professionnels parlent de supplément de prix ou prime, il s’agit en fait d’une augmentation des prix à la tonne qui dépend de la sureté du chargeur de l’origine et de la qualité du sucre, de la conjoncture du marché et d’une manière générale du risque de la transaction. Cette prime peut atteindre 60$ par tonne. Le prix final du sucre est alors égal au prix du sucre du contrat le mois le plus proche de la livraison, de la prime, du fret, de la prime de polarisation et du spread. Le secteur sucrier européen s’est fortement concentré et aujourd’hui seules quelques sociétés contrôlent le marché. En effet les dix premier groupes européen totalisent 66% des quotas de l’union européenne. On peut citer sudzucker en Allemagne Belgique,eridania beghin say en France ,Italie british sugar au royaume unis, danisco au danemark/Allemagne/suéde la générale sucriére en France,ZVN et pfeiffer et langenen en Allemagne,suiker unie aux pays bas,enfin ebro agricolas en espagne


    ( En image le graphique de Philippe Vincent trader sur le sucre , opérateur chez Sucre et Denrées )
    FX_Scalper a joint une image
    les-soft-commodities-matieres-premieres-agricoles-6303
  • thebud49

    Ça ne vous gêne pas de trader ce genre de produit avec tous ce que cela engendre.............

    http://www.forexagone.com/blog/308-la-famine-risque-arriver-brutalement-en-afrique


    Moi perso juste moralement j'y arriverais pas..........
  • tchou821

    Etant moi même agriculteur, je me permet de te répondre.

    Spéculer sur une denrée alimentaire a toujours existé. Aujourd'hui le marché des soft commodities étant de plus en plus volatil, il attire inévitablement les opérateurs.
    Cependant, il ne faut pas oublier que les spéculations sur un marché physique réel ne font qu'essayer de "surfer" sur l'évolution la plus probable des cours avenir ! En quelques mots, les spéculateurs exacerbent les mouvements à la hausse comme à la baisse des cours, mais les cours auraient bougés de toute façon !

    Anticiper une hausse des cours dans 6 mois est difficile... Le climat peut sauver ou saccager les récoltes de continent entier (ex: Australie).
    Dites vous bien qu'il y a 50% de chance de se tromper sur sa prévision, et donc d'annuler l'amplification de volatilité.

    Enfin, vous imaginez bien que ce marché est étroitement lié à celui du pétrole, des taux de change, de l'énergie, mais aussi, des conférences sur le climat, des politiques intérieures des pays, de l'instabilité d'autres...

    C'est évidement un marché particulier car destiner à nourrir les populations, mais la valeur d'une monnaie en fait aussi parti !
    J'espère que mes arguments sont clairs.
  • tchou821

    Pour en revenir au maïs, voici les périodes clé de son cycle de production (dates pour l'hémisphère nord) :
    - Semis en Avril
    - Pollinisation en Juillet
    - Remplissage du grain en Août
    - Récolte en Octobre

    Voici les conditions climatiques qui influencent les rendements :
    - Sécheresse (semis, remplissage)
    - Restrictions d'eau (semis, remplissage)
    - Excès de chaleur (pollinisation)
    - Excès de précipitation (semis, récolte)

    Enfin, voici les usages du maïs :
    - Alimentaire humaine (maïzena, additifs, épaississant ...)
    - Alimentaire animale (cochon, vaches, poules...)
    - Cosmétique et Chimie verte (biochimie...)
    - Non alimentaire énergétique (éthanol, E85...)

    Pour finir, voici les perspectives d'évolution des différents secteurs de consommation :
    - Forte augmentation de la population mondiale (+++Alimentation humaine)
    - Augmentation du niveau de vie, Occidentalisation (+++Alimentation animale)
    - Demande de produits verts à l'agriculture (+++chimie verte)
    - Augmentation de la demande énergétique, mais évolution vers les carburants de 2nde et 3eme génération (---Ethanol)
  • thebud49

    Spéculer sur la misère des autres moi ça me gêne surtout lorsque c'est lié a des produit de première nécessité mais chacun voit a sa porte.
    Mais si les trader dans la majorités avait un code de déontologie sa ce saurais.
    Modifié le 2012-12-09 10:34:22 par thebud49
  • tchou821

    N'oublie pas que la parité Euro/Dollars influence le niveau de vie (import/export) de beaucoup de personnes !
  • FX_Scalper

    Thebud à partir du moment ou tu spécule peut importe sur quel actif tu spécule sur la misère des autre , je trouve sa asse drôle de recevoir des leçon de moral parsque qu'on trade les commodities , c'est un peut comme si je te disait sa te dérange pas de manger a ta faim pendant que d'autre meurs de faim ? (Car si tu trade tu ne doit pas vivre dans la misère a mon avis), c'est complètement hors sujet et sa n'a rien a faire sur ce topic
  • tchou821

    Dans tous les cas, je n'ai jamais eu l'occasion de spéculer sur les soft commodities.

    Ma seule approche du marché reste le marché à terme Euronext pour le maïs, colza, blé...
    Il faut pour cela fournir des lots de 50 tonnes de qualité homogène. C'est pas évident....

    Je ne pense pas que ce marché soit une aberration, bien au contraire.
  • thebud49

    La responsabilité de la spéculation financière en débat
    Pourquoi cette escalade des prix des denrées alimentaires ? La première cause généralement avancée renvoie aux fondamentaux de l'économie, et au jeu d'équilibre entre l'offre et la demande. Soit d'un côté, une offre minée par le manque d'investissement dans l'agriculture, par la conversion croissante de cultures alimentaires en cultures destinées aux agrocarburants, ou encore par le réchauffement climatique – températures plus élevées et sécheresses à répétition réduisant les rendements. De l'autre côté, une demande qui gonfle à mesure que la population mondiale croît – bientôt 9 milliards d'humains, en 2050 – et diversifie son régime alimentaire.

    Bien d'autres facteurs entrent en jeu dans la formation des prix alimentaires – mesures protectionnistes des Etats, hausse des cours du pétrole, etc. Mais l'un d'eux est de plus en plus pointé du doigt, même s'il reste sujet à controverses : la spéculation financière. Il y a un an, alors que s'ouvrait en France un G20 qui avait fait de la question agricole sa priorité, Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, mentionnait la régulation des marchés agricoles comme la première des cinq priorités pour renforcer la sécurité alimentaire. "L'impact de la spéculation financière sur la flambée des prix alimentaires est désormais largement reconnu, et ce phénomène doit être contrôlé au plus vite", assénait-il. Nicolas Sarkozy partait, lui aussi, en croisade contre la "financiarisation" des marchés, et pointait du doigt des spéculateurs qui peuvent échanger, chaque année, "46 fois la production annuelle mondiale de blé" et "24 fois celle du maïs".

    Toutefois, même si la courbe des placements financiers dans les marchés agricoles coïncide avec celle de la hausse des prix, difficile de démontrer un lien de cause à effet entre les deux. D'autant que certains économistes et investisseurs financiers contestent la responsabilité de la spéculation. C'est le cas par exemple d'Eugen Weinberg, chef analyste des matières premières chez Commerzbank, la deuxième banque d'Allemagne. Comme d'autres instituts outre-Rhin, Commerzbank a récemment renoncé à investir dans des fonds agricoles et à proposer ce type de produits à ses clients, "parce que les médias et la classe politique pensent actuellement que cela contribue à la hausse des prix. Même si nous ne sommes pas de cet avis, pour des questions d'image, nous ne voulons pas que nos produits soient assimilés à de la spéculation", expliquait-il en août à l'Agence France Presse.


    Qui spécule sur les marchés agricoles ?
    Tout d'abord, il y a spéculation et spéculation. Si l'on se fie au sens premier du terme spéculer – du latin speculare, observer, guetter –, les acteurs de la filière agricole spéculent depuis la nuit des temps. Selon Alessandro Stanziani, historien de l'économie à l'EHESS et au CNRS, on retrouve la trace de marchés à terme agricoles dès le XVe siècle. Pour les agriculteurs, il s'agit de vendre une partie de leur récolte en avance, afin de se couvrir des risques liés aux fluctuations des prix. Ainsi "au Brésil, les agriculteurs sont en train de semer, et ont déjà vendu 50 % de leur production", explique Renaud de Kerpoisson, agriculteur et fondateur de l'entreprise de conseil Offre et demande agricole.

    En France aussi, de plus en plus d'agriculteurs ont les yeux rivés sur les cours de leurs produits afin de fixer leurs prix, et même de choisir les cultures qu'ils sèmeront. "Le marché nous dit que la tonne de blé vaudra 232 € en novembre 2013, et la tonne de colza 475 € en août prochain. Si un agriculteur veut faire de la marge, il a donc intérêt à cultiver plutôt du colza", développe Renaud de Kerpoisson. Ainsi, même si le cours du colza chute, l'agriculteur s'assure de livrer sa récolte au prix fixé en avance, plus élevé donc. S'il augmente, par contre, c'est l'acheteur qui y gagnera. Mais dans tous les cas, le producteur gagnera en sécurité et en prévisibilité.

    Au-delà de ces prévisions – ou spéculations – des acteurs agricoles, d'autres intermédiaires jouent sur les cours pour tenter d'en tirer profit. Selon Alessandro Stanziani, on parle, dès le XVIIe siècle en France, de marchands qui accaparent tout le blé sur le marché, créent une rareté artificielle et font ainsi monter les prix. Un tournant a lieu au XIXe siècle, quand voient le jour les premiers marchés virtuels, où des acteurs multiples et transnationaux s'échangent des produits agricoles standardisés. Comme, par exemple, le "blé tendre rouge d'hiver", qui se négocie à la bourse de Chicago, la première place mondiale des matières premières agricoles, fondée en 1848.

    Autre tournant : la libéralisation des marchés au milieu des années 1980 – une dérégulation qui s'achève, aux Etats-Unis, avec la loi de modernisation des contrats à terme sur les matières premières, en l'an 2000. Se développent, en parallèle, des produits dérivés de gré à gré (OTC), désormais exemptés de toute supervision et limitations, ainsi que des indices, qui permettent d'investir facilement dans des "paniers" de différentes matières premières – notamment le Goldman Sachs Commodity Index (S&P GSCI), créé en 1991.


    Cet environnement propice ouvre la voie, sur les marchés agricoles, à de nouveaux investisseurs : banques, fonds de placement, caisses de retraites, hedge funds, fonds indiciels, investisseurs institutionnels... Autant d'acteurs qui voient dans le blé, le soja ou le maïs de simples actifs financiers, et ne se préoccupent guère des biens physiques, qui ne passeront de toute façon jamais entre leurs mains. La vocation prudentielle des contrats à terme laisse place alors à une "prise de risque à des fins de gain", selon les termes d'un rapport d'étape (PDF) rédigé par Jean-Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers, Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyse économique, et Serge Guillon, contrôleur général économique et financier.

    Pourquoi les marchés agricoles ont-ils tant de succès ?
    Dès lors, les chiffres témoignent d'eux-mêmes du pouvoir d'attraction des marchés des produits dérivés agricoles auprès des investisseurs financiers. Les produits de gré à gré, négociés directement entre vendeurs et acheteurs – plus opaques, moins standardisés, moins coûteux – voient par exemple leurs encours multipliés par six entre 2001 et 2008, selon la Banque des règlements internationaux. L'argent investi dans les indices de matières premières gonfle, de 15 milliards de dollars en 2003 à 200 milliards de dollars en 2008, selon une enquête du Sénat américain (PDF). Enfin, "seuls 2 % des contrats à terme portant sur des matières premières aboutissent désormais effectivement à la livraison d'une marchandise. Les 98 % restants sont revendus par les spéculateurs avant leur date d'expiration", relève, dans Le Monde diplomatique, Jean Ziegler, rapporteur spécial auprès de l'ONU sur le droit à l'alimentation.

    Pourquoi tant de succès, donc ? Dans son rapport sur la spéculation sur les matières premières alimentaires et la flambée des prix (PDF), Olivier de Schutter explique que les investisseurs financiers ont accouru sur ce marché quand d'autres déclinaient : "Celui d'Internet a disparu à la fin de l'année 2001, celui des actions peu après, et le marché immobilier américain en août 2007. A mesure que chaque bulle éclatait, les grands investisseurs institutionnels migraient vers un autre marché habituellement considéré, à chaque fois, comme plus stable que le précédent." Bref, pour le rapporteur de l'ONU, les matières premières agricoles sont comparables à "d'autres valeurs refuges, comme l'or".

    Plus sûrs, le blé ou le soja sont aussi financièrement intéressants – ils l'étaient même, en plein pic des prix début 2008, davantage que le pétrole, les actions ou les obligations d'Etat, comme l'illustre ce graphique réalisé par le Sénat français :


    Les spéculateurs affectionnent aussi les placements sur les marchés agricoles car ils leur permettent de diversifier leur portefeuille, et de se prémunir contre d'éventuelles crises sur les autres marchés. Car l'idée circule, dans le monde de la finance, que "les cours des matières premières augmentent quand celui des actions chutent, et inversement", explique l'ONG Foodwatch dans son rapport "Les spéculateurs de la faim" (PDF).

    Quel impact de la spéculation sur les marchés agricoles ?
    Les investisseurs sont indispensables à la bonne marche des marchés agricoles : ils leur fournissent en effet de la liquidité, de sorte que "des vendeurs de céréales trouvent des acheteurs même quand les transformateurs n'achètent pas, et vice versa. De cette manière, les spéculateurs assumaient une partie du risque pour ceux qui négociaient les biens physiques. Les bénéfices qu'ils tiraient de ces activités étaient donc une sorte de prime en échange de la garantie des prix offerte aux producteurs et aux transformateurs à travers le commerce de futures [contrats à terme]", explique Foodwatch.

    A petite échelle, les échanges sur les marchés à terme agricoles auront aussi pour effet de lisser les cours, estime Renaud de Kerpoisson. "Si le prix du colza est élevé, de nombreux producteurs vont se mettre à en vendre, et donc faire baisser son cours. Il deviendra donc moins attractif que celui du blé, et ainsi de suite." Mais même pour les acteurs de la filière agricole, tout est une question de dose : ainsi, rappelle Olivier de Schutter, lors de la famine du Bengale, qui a fait 3 millions de morts en 1943, ce sont les marchands de grains qui, anticipant une hausse des prix, ont stocké l'essentiel des marchandises. Conséquence : ils ont exacerbé le pic des prix des céréales.

    De la même manière, l'intervention massive d'investisseurs financiers capables d'accaparer une part importante d'un produit agricole peut déstabiliser des marchés qui, au passage, sont très réduits. Il en est ainsi des investisseurs qui "roulent" des positions longues, c'est-à-dire des contrats à terme qu'ils achètent quand les prix sont bas et revendent, plus chers, avant leur échéance. Selon Foodwatch, "les quelque trente gestionnaires de fonds indiciels (...) détiennent à eux seuls entre 35 et 50 % de toutes les positions longues pour les contrats de blé négociés à Chicago. Ils sont ainsi de loin les plus grands acheteurs de blé du monde." Dans un article du Guardian, c'est un gestionnaire de fonds spéculatif , Mike Masters, qui admet lui-même que "quand des milliards de dollars de capital sont injectés dans de petits marchés comme ceux des matières premières agricoles, ça augmente inévitablement la volatilité et la hausse les prix".

    Ce pouvoir perturbateur s'illustre par des hauts faits de spéculation – comme ceux du londonien Anthony Ward, alias "chocolate finger". En 2010, le fondateur du fonds spéculatif Armajaro avait acheté près de 240 100 tonnes de cacao sur le marché du NYSE Liffe, soit 15 % des stocks mondiaux – une opération d'accaparement légale, connue sous le nom de "corner". Résultat : les cours du cacao grimpaient à des niveaux records jamais vus depuis 1977. D'après Jeune Afrique, quelques années auparavant, une opération similaire sur du cacao avait rapporté au fond quelque 60 millions de dollars de bénéfices.

    Reste cependant une question de taille, et sujette, elle aussi, à débats : le prix des cours détermine-t-il les prix "spot", à savoir des biens livrés physiquement ? Si nombre d'agriculteurs calquent aujourd'hui leurs prix sur ceux des marchés financiers, certains économistes et acteurs financiers considèrent que les deux cours ne sont pas intrinsèquement liés, arguant que la Bourse se contente d'avertir des déséquilibres à venir sur le marché physique, et de la baisse ou de la hausse des prix réels. L'enquête du Sénat américain montre ainsi que la spéculation sur le blé a bien fait augmenter les cours des contrats à terme de cette céréale, mais a aussi entraîné une déconnection entre ces cours et les prix réels. Toutefois, selon les conclusions d'une étude de l'Ifpri (International Food Policy Research Institute), "les prix spot sont généralement déduits des marchés à terme", et "les variations des prix des contrats à terme entraînent des variations des prix spots plus souvent que l'inverse". Et ce de plus en plus, à mesure que les agriculteurs cultivent la maîtrise des cours en Bourse.

    Angela Bolis

    Spéculation et régulation, un vieux débat

    Selon l'historien de l'économie Alessandro Stanziani, à la fin du XIXe siècle, la libéralisation de marchés à terme virtuels de matières premières agricoles entraînait déjà des protestations pour davantage de régulation. Une question qui se pose de nouveau aujourd'hui. Les Etats-Unis ont fait un premier pas dans ce sens avec la loi Dodd-Franck, en 2010. L'année suivante, le G20 agricole a lancé le Système d'information sur les marchés agricoles (AMIS), qui permet de coordonner les réponses des principaux pays producteurs et consommateurs de blé et de maïs. Il a également reconnu la nécessité de réguler les marchés financiers de matières premières, notamment en renforçant leur transparence et en limitant l'accès et les positions prises.




    Source:http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/09/13/les-speculateurs-financiers-coupables-de-la-flambee-des-prix-des-aliments_1757951_3234.html
  • Chatchoc

    Les Softs resteront toujours autour d`un même niveau de prix du plus haut au plus bas en fonction de la saison, météo ect.

    Le désavantage est qu`il n`y pas de plus value significatif si on le compare avec les autres formes d`investissements générés par

    l`activité humaine comme une invention, un médicament.... Peuvent rapporté une plus value année après année sans aucune

    statégie compliquée.

    Comme spéculateur je suis présentement en position sur le soya qui atteint toujours un plus bas en cette période de l`année depuis

    plusieurs années et s`apprécie jusqu`en avril. Je profite de ce trade parce que mon broker offre des Softs pour spéculer.