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http://www.forexagone.com/blog/127-les-agences-de-notation-dirigent-elles-le-monde
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Déjà l'an dernier, les États européens s'insurgeaient des répercussions provoquées par le brutal abaissement sur les notes des pays méditerranéens. Aujourd'hui, nous pensions la tempête passée, néanmoins comme nous le savons tous, récemment Standard & Poor's ne s'est pas privée d'enfoncer les États-Unis.
Pourquoi la note des États souverains est-elle si importante ?
La note sur la dette des États ou des entreprises que donne les agences de notation sert à évaluer le risque de crédit. Plus la note est basse et plus le risque de défaut s'avère important. Dans ce sens, la note permet de donner un indice de fiabilité objectif aux investisseurs concernant leurs placements.
Comme nous le savons, le risque se paye. Plus un placement est risqué, plus il s'avère rémunéré, c'est un des principes de bases de l'emprunt et de l'épargne :le coût du risque. Ainsi, les agences de notation ont le rôle de quantifier ce fameux risque, la note en est le résultat. En conséquence, plus la note est basse, plus le risque est fort en donc plus les intérêts sont élevés. Bien entendu, il va de soi que les pays préfèrent emprunter au taux le plus faible, et donc avoir la note la plus forte.
Pour la première fois, nous avons pu expérimenter l'effet d'une dette trop forte dans une économie en difficulté. L'effet est sensiblement désastreux, nous parlons bien sûr du cas de la Grèce. Au fur et à mesure que les agences dégradaient la note, les taux longs obligataires grimpaient. Difficile de croire que ceux ci auraient pu atteindre plus de 17%, à ce niveau on pourrait plutôt parler de taux d'usure ou simplement de crédit revolving...
Un paramètre à prendre en compte par ailleurs, c'est la résidence des détenteurs de la dette en question. En effet, si la dette nationale est fortement détenue par des étrangers, les taux d'intérêts auront tendance à s'envoler bien plus rapidement. Par exemple, le Japon est dans une situation très difficile depuis plusieurs années, sa note auprès de S&P n'est que AA- et pourtant ses taux obligataires sont proches de 0. De la même manière, malgré une conjoncture très mauvaise les taux d'intérêts de la dette italienne n'ont pas beaucoup réagit car celle ci est détenue à plus de 60% par des résidents italiens.
Quelques critiques concernant les agences et leur image
Chaque mois, les agences dégradent la note de certains États, tout le monde s'en plaint et les gouvernements en première ligne. A force de discréditer les agences, on essaye de minimiser leur impact. A en croire la critique, il faudrait que chaque pays du monde soit muni d'un triple A immuable. Les agences notent, c'est leur travail, elles ne calculent quasiment rien, elles se servent des chiffres de l'OCDE ou du FMI pour baser leurs analyses. D'après Timothy Geithner, S&P s'est trompée de 2000 Milliards dans ses calculs, c'est donc le FMI qui se serait trompé de 2000 Milliards...
On caricature les agences, partout dans les médias, elles deviennent « le diable financier moderne ». Malgré une puissance et un diversité économique importante, la situation des États-Unis est totalement déplorable. Lorsque l'on analyse la situation économique d'un pays, il ne suffit pas de dire que les États-Unis sont la première puissance mondiale pour affirmer que la conjoncture est bonne. On ne compare pas les pays entre eux, on compare la situation d'un pays aujourd'hui par rapport à celle d'hier, c'est la base même de l'indicateur de croissance. Dans ce sens, on constate qu'à cette heure, la nation aux 50 états ne va vraiment pas bien. Malgré une politique monétaire très souple, l'économie n'avance pas, les chiffres du chômage sont très clairement faussés (plutôt 15% que 9% en réalité) et à la fois mauvais. De surcroît, les récents événements montrent un pouvoir politique désuni et incapable de lutter contre la dette. Standard & Poor's a baissé la note, il me semble qu'elle aurait même pu le faire avant aux vues des très passables statistiques...
Un point clairement noir pour les agences, c'est les effectifs d'analystes. Standard & Poor's compte parmi elle seulement 100 analystes pour attribuer des notes à 136 pays. Le manque de personnel qualifié nuit très sérieusement à l'image de l'agence qui compte moins d'un analyste par pays.
Un autre mythe populaire que l'on entend assez souvent ces temps ci, est celui de la conspiration spéculative. C'est à dire que les agences s'accordent pour faire plonger à pleine vitesse un pays et permettre aux différents fonds de spéculer à baisse par différentes méthodes (CDS,...). En général, les agences informent des abaissements à des moments favorables. Pour les Etats-Unis, S&P a choisit le vendredi soir après clôture pour annoncer sa dégradation, si l'agence voulait faire un véritable krach, elle aurait pu envoyer la nouvelle à 14h30 en milieu de semaine. Au contraire, celle si s'est gardée d'envoyer les marchés par le fond en laissant aux grands dirigeants, le temps de trouver des solutions durant le week end...
Les agences de notation ne dirigent pas le monde, elles ne font que montrer les résultats des politiques de chaque pays. Les nations du monde sont encore souveraines par rapport aux agences. Dans le cas d'une perte de fiabilité de la dette, si celle ci est fortement étrangère, alors en effet la politique intérieure perd de son pouvoir. Mais le pouvoir perdu n'est pas donné aux agences, c'est aux investisseurs étrangers qu'il revient, il ne faut pas se tromper, ce sont les prêteurs qui exercent les pressions, pas les agences.
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Déjà l'an dernier, les États européens s'insurgeaient des répercussions provoquées par le brutal abaissement sur les notes des pays méditerranéens. Aujourd'hui, nous pensions la tempête passée, néanmoins comme nous le savons tous, récemment Standard & Poor's ne s'est pas privée d'enfoncer les États-Unis.
Pourquoi la note des États souverains est-elle si importante ?
La note sur la dette des États ou des entreprises que donne les agences de notation sert à évaluer le risque de crédit. Plus la note est basse et plus le risque de défaut s'avère important. Dans ce sens, la note permet de donner un indice de fiabilité objectif aux investisseurs concernant leurs placements.
Comme nous le savons, le risque se paye. Plus un placement est risqué, plus il s'avère rémunéré, c'est un des principes de bases de l'emprunt et de l'épargne :le coût du risque. Ainsi, les agences de notation ont le rôle de quantifier ce fameux risque, la note en est le résultat. En conséquence, plus la note est basse, plus le risque est fort en donc plus les intérêts sont élevés. Bien entendu, il va de soi que les pays préfèrent emprunter au taux le plus faible, et donc avoir la note la plus forte.
Pour la première fois, nous avons pu expérimenter l'effet d'une dette trop forte dans une économie en difficulté. L'effet est sensiblement désastreux, nous parlons bien sûr du cas de la Grèce. Au fur et à mesure que les agences dégradaient la note, les taux longs obligataires grimpaient. Difficile de croire que ceux ci auraient pu atteindre plus de 17%, à ce niveau on pourrait plutôt parler de taux d'usure ou simplement de crédit revolving...
Un paramètre à prendre en compte par ailleurs, c'est la résidence des détenteurs de la dette en question. En effet, si la dette nationale est fortement détenue par des étrangers, les taux d'intérêts auront tendance à s'envoler bien plus rapidement. Par exemple, le Japon est dans une situation très difficile depuis plusieurs années, sa note auprès de S&P n'est que AA- et pourtant ses taux obligataires sont proches de 0. De la même manière, malgré une conjoncture très mauvaise les taux d'intérêts de la dette italienne n'ont pas beaucoup réagit car celle ci est détenue à plus de 60% par des résidents italiens.
Quelques critiques concernant les agences et leur image
Chaque mois, les agences dégradent la note de certains États, tout le monde s'en plaint et les gouvernements en première ligne. A force de discréditer les agences, on essaye de minimiser leur impact. A en croire la critique, il faudrait que chaque pays du monde soit muni d'un triple A immuable. Les agences notent, c'est leur travail, elles ne calculent quasiment rien, elles se servent des chiffres de l'OCDE ou du FMI pour baser leurs analyses. D'après Timothy Geithner, S&P s'est trompée de 2000 Milliards dans ses calculs, c'est donc le FMI qui se serait trompé de 2000 Milliards...
On caricature les agences, partout dans les médias, elles deviennent « le diable financier moderne ». Malgré une puissance et un diversité économique importante, la situation des États-Unis est totalement déplorable. Lorsque l'on analyse la situation économique d'un pays, il ne suffit pas de dire que les États-Unis sont la première puissance mondiale pour affirmer que la conjoncture est bonne. On ne compare pas les pays entre eux, on compare la situation d'un pays aujourd'hui par rapport à celle d'hier, c'est la base même de l'indicateur de croissance. Dans ce sens, on constate qu'à cette heure, la nation aux 50 états ne va vraiment pas bien. Malgré une politique monétaire très souple, l'économie n'avance pas, les chiffres du chômage sont très clairement faussés (plutôt 15% que 9% en réalité) et à la fois mauvais. De surcroît, les récents événements montrent un pouvoir politique désuni et incapable de lutter contre la dette. Standard & Poor's a baissé la note, il me semble qu'elle aurait même pu le faire avant aux vues des très passables statistiques...
Un point clairement noir pour les agences, c'est les effectifs d'analystes. Standard & Poor's compte parmi elle seulement 100 analystes pour attribuer des notes à 136 pays. Le manque de personnel qualifié nuit très sérieusement à l'image de l'agence qui compte moins d'un analyste par pays.
Un autre mythe populaire que l'on entend assez souvent ces temps ci, est celui de la conspiration spéculative. C'est à dire que les agences s'accordent pour faire plonger à pleine vitesse un pays et permettre aux différents fonds de spéculer à baisse par différentes méthodes (CDS,...). En général, les agences informent des abaissements à des moments favorables. Pour les Etats-Unis, S&P a choisit le vendredi soir après clôture pour annoncer sa dégradation, si l'agence voulait faire un véritable krach, elle aurait pu envoyer la nouvelle à 14h30 en milieu de semaine. Au contraire, celle si s'est gardée d'envoyer les marchés par le fond en laissant aux grands dirigeants, le temps de trouver des solutions durant le week end...
Les agences de notation ne dirigent pas le monde, elles ne font que montrer les résultats des politiques de chaque pays. Les nations du monde sont encore souveraines par rapport aux agences. Dans le cas d'une perte de fiabilité de la dette, si celle ci est fortement étrangère, alors en effet la politique intérieure perd de son pouvoir. Mais le pouvoir perdu n'est pas donné aux agences, c'est aux investisseurs étrangers qu'il revient, il ne faut pas se tromper, ce sont les prêteurs qui exercent les pressions, pas les agences.