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le cash squeeze chinois dû au shadow banking

bpoc

Nous avions vu dans un article précédent, que l’économie de la Chine était principalement soutenue par l’investissement, et non la consommation comme dans les pays occidentaux. L’économie du pays est donc excessivement sensible à l’offre de crédits, et donc aux variations de taux d’intérêts. La Banque Populaire de Chine (BPOC, la banque centrale chinoise) a décidé d’arrêter l’injection de liquidité pour les banques, car elle considère que le niveau de liquidité sur le marché interbancaire est largement suffisant, toutefois cela n’a pas empêché les taux d’exploser, comment cela se fait-il ?

Le « cash squeeze »

Ce qui s’est produit sur le marché interbancaire lorsque la BPOC a limité ses injections s’appelle un « cash queeze », qu’on traduirait par « asséchement des liquidités ». C’est une version très court terme d’une trappe à liquidité. Ici, l’effet a été immédiat, en effet vendredi certains établissements bancaires ont accepté de payer des refinancements au jour le jour à 25%. Cette situation montre bien sûr la fragilité du marché bancaire chinois, incapable de s’entretenir seul.

Le problème du « shadow banking »

Nous avions vu, les bads banks, les darks pools, maintenant nous allons traiter du shadow banking, qui gangrène l’économie chinoise. Alors attention, il ne s’agit pas nécessairement d’une pratique malfaisante, même si le nom évoque des côtés détournés. La finance de l’ombre, regroupe seulement tous les moyens de financement de l’économie non bancaire. Cela n’est pas nuisible par essence, autrement le fait qu’on ne puisse pas disposer de la même lisibilité qu’avec le financement bancaire qui trouve son équilibre dans le taux d’intérêt.

Le shadow banking existe depuis toujours, prêter à votre voisin, c’est déjà du shadow banking. Mais dans ce cadre, il ne génère que de très petites sommes en proportion des masses engrangées par le marché interbancaire. Toutefois, lorsqu’il commence à prendre une part considérable du marché de la dette, à l’instar de la Chine, viennent alors des problèmes de régulation. En effet, les prêts bancaires sont eux régulés par une norme internationale très connue : Bale III. Elle sert à éviter les crises financières et les bulles, elle consiste à fixer un ratio entre la quantité de prêts accordés et le niveau de fonds propres des banques. Dans le cas de Bale III une banque doit disposer de 1 euros en fonds propres pour pouvoir en prêter 9.

Evidemment, le shadow banking passe à travers les mailles du filet, Bale III ne s’applique pas. Le problème vient alors, lorsque la part du shadow banking parmi l’ensemble des financements devient trop grande, puisqu’il peut survenir des dérives financières. Parmi les acteurs du shadow banking, on compte beaucoup les hedge funds, les grandes banques d’affaire, les fonds de pension ou encore les OPCVM, en somme que des établissements cherchant un rendement maximal. La tentation d’accroitre l’effet de levier sur les prêts est forte, on peut alors largement dépasser le ration de 9 contre 1, et donc augmenter le risque d’insolvabilité des créances.

La Chine a besoin de réguler les financements

Il faudrait étendre la régulation à ce type d’institution, car bien souvent ces derniers, en plus de jouer de l’effet de levier, font peser, à travers de complexes montages financiers, le risque sur d’autres. L’agence Xinhua a constaté que l’offre monétaire au niveau M2 (comprend M1 c’est-à-dire dépôts, et monnaie fiduciaire, ajoutées aux dépôts à terme de courte durée) s’était accrue de 15.8 % de mai 2013 à mai 2012. Il semble donc qu’il n’y ait donc aucun souci de financement, toutefois la même agence note par ailleurs que les banques sont en manque de liquidités, autant que les petites et moyennes entreprises. La liquidité est donc largement suffisante, raison pour laquelle la BPOC a refusé d’injecter à nouveau des liquidités, mais le problème demeure qu’elle est mal allouée. Ce qu’on comprend évidemment, c’est que si des petites et moyennes entreprises sont en déficit de financement mais que la masse monétaire croît, ce que le financement va sur des grandes entreprises, et que si de surcroit il est réalisé par des hedge funds et autres fonds de pension, il s’agit donc très probablement d’un financement seulement spéculatif.

En conclusion, il y a bien deux économies en Chine et deux voies de financement qui y sont assorties. La raison pour laquelle les taux interbancaires ont explosé, c’est que les banques chinoises sont tout simplement hors circuit, elles sont en manque de financement, et peinent à financer elle-même la petite entreprise. D’un autre côté, les fonds spéculatifs investissent à tour de bras sur de grandes entreprises et ce, sans contrôle. Il y a donc une économie à deux vitesses, ce que la BPOC ne semble pas comprendre.

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