Je ne sais pas s’il y a un dieu de l’économie mais s’il existe, il doit bien s’amuser en ce moment, penché sur le flipper qu’est devenue l’économie mondiale. La bille « Krach » n’arrête pas de rebondir d’un continent à l’autre, d’un problème à l’autre. Tilt !, une fois l’inquiétude des marchés se porte sur l’Europe et son problème de dettes souveraines. Tilt !, une autre fois, ce sont les conséquences – imprévisibles mais sûrement pas positives – de la politique un peu trop laxiste des Etats-Unis (quantitative easing, dévaluation du dollar, risques d’inflation…). Tilt !, la fois suivante, c’est les craintes d’une surchauffe en Asie et tout particulièrement en Chine qui font trembler les marchés.
L’investisseur – un peu perdu il faut bien l’avouer – fini par ne plus savoir à quelle devise se vouer. Faut-il mieux miser sur l’euro, le dollar ou sur les devises émergentes ? Pour tout compliquer, lancés dans la guerre des monnaies, tous les Banques centrales essaient d’emporter la palme de la devise la plus faible.
Côté européen, c’est la mascarade
Jean-Claude Trichet, notre Sauveur Masqué, essaie de jouer un jeu très dangereux qui consiste à essayer d’envoûter les marchés en essayant de leur faire croire que la BCE maîtrise la crise européenne alors même, qu’en coulisses, elle achetait des milliards d’obligations souveraines portugaises et irlandaises.
Les marchés ont été rassurés… du moins autant qu’ils pouvaient l’être dans ces temps troublés.
Car s’ils attendaient un peu plus de coopération – et d’argent sur la table – de la part des Européens, ils ont rapidement déchantés. L’Allemagne a refusé que le montant alloué au fonds de secours européen soit revu à la hausse et Angela Merkel s’est fortement opposée à la création d’obligations souveraines européennes. On comprend la position de la Chancelière : de telles obligations – qui regrouperaient les obligations des Etats européens – ne pourraient que faire flamber le poids de la dette allemande, puisque le rendement des obligations souveraines européennes seraient à n’en pas douter plus élevé que celui des obligations allemandes. Mettre la Grèce ou l’Irlande et l’Allemagne dans le même panier ne fait pas rêver les Allemands.
En outre, l’émission d’obligations souveraines risquerait d’inciter certains pays – très endettés – à jeter aux orties leurs bonnes résolutions de rigueur et de réduction du déficit. Tout ce que craint l’Allemagne.
Bref, les Européens ne parviennent pas à s’entendre… et l’euro en paie les pots cassés. Certains prédisent même la fin de l’euro, surtout de l’autre côté de la Manche. Jérôme Revillier, notre spécialiste du Forex, est quant à lui plus optimiste dans l’Edito Matières Premières & Devises : « Alors que la devise européenne revient sur les 1,33, on entend de nouveau parler de la chute de l’euro et de sa disparition. Je serai moins catégorique que certains là-dessus ».
« Par contre, ce qui est certain, c’est que l’Union européenne sous sa forme actuelle est vouée à disparaître. La monnaie elle, restera, car c’est sans doute la seule véritable réussite de l’Union. Il faudra que l’Union adapte sa structure et son mode de fonctionnement pour une intégration beaucoup plus forte ».
Côté américain, c’est la débandade
Outre-Atlantique, ce n’est pas non plus la très grande forme. Les derniers chiffres de l’emploi ne sont vraiment pas bons. Le taux de chômage est passé à 9,8% en novembre contre 9,6% en octobre, soit au plus haut depuis avril dernier. Le plus inquiétant dans ces derniers chiffres est que le chômage de longue durée est en forte progression. Près de 42% des Américains sans emploi le sont depuis plus de 6 mois. Or le chômage de longue durée signifie une chute importante du niveau de vie.
La Fed s’était déjà inquiétée il y a quelques mois de la situation économique des Etats-Unis et tout particulièrement du maintien durable du chômage à un taux élevé. Or les derniers chiffres confirment cette tendance.
Ben Bernanke a évoqué dans une interview accordée à CBS la forte probabilité d’un quantitative easing 3 (je cite ses mots « it’s certainly possible »).
Pourquoi un QE3 ? Le QE1 – qui avait pour prétexte de soulager les banques de leurs actifs pourris – n’a pas eu d’autres effets que d’encourager la spéculation. Le QE2 est un échec dès sa mise en oeuvre – sinon comment expliquer la déclaration de Bernanke sur un QE3 ?
Le QE3 réussira-t-il là où le QE1 et le QE2 ont échoué ? Hum… difficile d’y croire surtout que personne ne sait plus vraiment pourquoi la Fed injecte autant d’argent dans le système. Elle injecte, point à la barre. Qu’on ne vienne pas en plus lui demander des comptes.
Ah si ! Le QE3 parviendra peut-être à faire flamber l’inflation !
Comment sortir votre épingle du jeu ?
La réponse, vous la connaissez : en ne tentant pas le diable et en misant sur l’or et sur une sélection rigoureuse de matières premières qui profitent de la guerre des monnaies.
Mais aussi en profitant de cette guerre des monnaies en vous mettant dans le camp des cambistes, les traders de devises. Voici ce que disait ce matin Jérôme à ses abonnés de FxProfitTrader : « C’est réellement une semaine de transition à laquelle nous assistons et qui donne l’impression que les vacances de Noël sont arrivées prématurément. En effet, l’euro stagne autour des 1,33 sans parvenir à accélérer ».
« Mais cette trêve pourrait bien n’être qu’éphémère alors que les déclarations au chômage hebdomadaires aux Etats-Unis vont être annoncées et que l’agenda de demain est chargé avec notamment des statistiques américaines et chinoises importantes. Techniquement, le dollar résiste bien et semble être en capacité d’amorcer un rebond s’il trouve un catalyseur assez puissant ».
Par Cécile Chevré
MONEY WEEK
L’investisseur – un peu perdu il faut bien l’avouer – fini par ne plus savoir à quelle devise se vouer. Faut-il mieux miser sur l’euro, le dollar ou sur les devises émergentes ? Pour tout compliquer, lancés dans la guerre des monnaies, tous les Banques centrales essaient d’emporter la palme de la devise la plus faible.
Côté européen, c’est la mascarade
Jean-Claude Trichet, notre Sauveur Masqué, essaie de jouer un jeu très dangereux qui consiste à essayer d’envoûter les marchés en essayant de leur faire croire que la BCE maîtrise la crise européenne alors même, qu’en coulisses, elle achetait des milliards d’obligations souveraines portugaises et irlandaises.
Les marchés ont été rassurés… du moins autant qu’ils pouvaient l’être dans ces temps troublés.
Car s’ils attendaient un peu plus de coopération – et d’argent sur la table – de la part des Européens, ils ont rapidement déchantés. L’Allemagne a refusé que le montant alloué au fonds de secours européen soit revu à la hausse et Angela Merkel s’est fortement opposée à la création d’obligations souveraines européennes. On comprend la position de la Chancelière : de telles obligations – qui regrouperaient les obligations des Etats européens – ne pourraient que faire flamber le poids de la dette allemande, puisque le rendement des obligations souveraines européennes seraient à n’en pas douter plus élevé que celui des obligations allemandes. Mettre la Grèce ou l’Irlande et l’Allemagne dans le même panier ne fait pas rêver les Allemands.
En outre, l’émission d’obligations souveraines risquerait d’inciter certains pays – très endettés – à jeter aux orties leurs bonnes résolutions de rigueur et de réduction du déficit. Tout ce que craint l’Allemagne.
Bref, les Européens ne parviennent pas à s’entendre… et l’euro en paie les pots cassés. Certains prédisent même la fin de l’euro, surtout de l’autre côté de la Manche. Jérôme Revillier, notre spécialiste du Forex, est quant à lui plus optimiste dans l’Edito Matières Premières & Devises : « Alors que la devise européenne revient sur les 1,33, on entend de nouveau parler de la chute de l’euro et de sa disparition. Je serai moins catégorique que certains là-dessus ».
« Par contre, ce qui est certain, c’est que l’Union européenne sous sa forme actuelle est vouée à disparaître. La monnaie elle, restera, car c’est sans doute la seule véritable réussite de l’Union. Il faudra que l’Union adapte sa structure et son mode de fonctionnement pour une intégration beaucoup plus forte ».
Côté américain, c’est la débandade
Outre-Atlantique, ce n’est pas non plus la très grande forme. Les derniers chiffres de l’emploi ne sont vraiment pas bons. Le taux de chômage est passé à 9,8% en novembre contre 9,6% en octobre, soit au plus haut depuis avril dernier. Le plus inquiétant dans ces derniers chiffres est que le chômage de longue durée est en forte progression. Près de 42% des Américains sans emploi le sont depuis plus de 6 mois. Or le chômage de longue durée signifie une chute importante du niveau de vie.
La Fed s’était déjà inquiétée il y a quelques mois de la situation économique des Etats-Unis et tout particulièrement du maintien durable du chômage à un taux élevé. Or les derniers chiffres confirment cette tendance.
Ben Bernanke a évoqué dans une interview accordée à CBS la forte probabilité d’un quantitative easing 3 (je cite ses mots « it’s certainly possible »).
Pourquoi un QE3 ? Le QE1 – qui avait pour prétexte de soulager les banques de leurs actifs pourris – n’a pas eu d’autres effets que d’encourager la spéculation. Le QE2 est un échec dès sa mise en oeuvre – sinon comment expliquer la déclaration de Bernanke sur un QE3 ?
Le QE3 réussira-t-il là où le QE1 et le QE2 ont échoué ? Hum… difficile d’y croire surtout que personne ne sait plus vraiment pourquoi la Fed injecte autant d’argent dans le système. Elle injecte, point à la barre. Qu’on ne vienne pas en plus lui demander des comptes.
Ah si ! Le QE3 parviendra peut-être à faire flamber l’inflation !
Comment sortir votre épingle du jeu ?
La réponse, vous la connaissez : en ne tentant pas le diable et en misant sur l’or et sur une sélection rigoureuse de matières premières qui profitent de la guerre des monnaies.
Mais aussi en profitant de cette guerre des monnaies en vous mettant dans le camp des cambistes, les traders de devises. Voici ce que disait ce matin Jérôme à ses abonnés de FxProfitTrader : « C’est réellement une semaine de transition à laquelle nous assistons et qui donne l’impression que les vacances de Noël sont arrivées prématurément. En effet, l’euro stagne autour des 1,33 sans parvenir à accélérer ».
« Mais cette trêve pourrait bien n’être qu’éphémère alors que les déclarations au chômage hebdomadaires aux Etats-Unis vont être annoncées et que l’agenda de demain est chargé avec notamment des statistiques américaines et chinoises importantes. Techniquement, le dollar résiste bien et semble être en capacité d’amorcer un rebond s’il trouve un catalyseur assez puissant ».
Par Cécile Chevré
MONEY WEEK