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La Birmanie, nouvel eldorado des investisseurs

  • Kevinshik

    La dissolution de la junte au pouvoir et le processus de démocratisation en cours ont rendu la Birmanie à nouveau fréquentable. Depuis quelques mois, les hommes d'affaires étrangers se bousculent à Rangoun, attirés par les promesses de cette terre vierge au potentiel considérable.

    Depuis le printemps dernier, les hommes d'affaires étrangers, particulièrement japonais, singapouriens, américains et thaïlandais, se bousculent à Rangoun, attirés par les promesses d'une terre vierge. En dix mois, les prix des chambres d'hôtel ont été multipliés par trois. Compter 300 dollars pour une nuit au Strand, où Rudyard Kipling prit des notes pour ses « Lettres d'Orient ». Dans les rares immeubles de bureaux aux standards internationaux, le mètre carré prend 5 dollars par mois au minimum. Et les listes d'attente s'allongent dans les résidences pour étrangers. « Je paie déjà 5.000 dollars par mois pour 60 mètres carrés. C'est plus que New York », souffle un diplomate, qui ne peut toutefois pas faire le difficile de peur d'être « exproprié » par un plus offrant. « De la folie furieuse », s'exclame Patrick Robert, un designer français résidant dans le pays depuis vingt-cinq ans.
    Tout est à faire dans le pays le plus pauvre d'Asie du Sud-Est

    Cette ruée vers l'or a été enclenchée l'an dernier lorsque l'Occident a adoubé le processus d'ouverture de la Birmanie, longtemps jugée infréquentable par les grandes démocraties. Depuis la dissolution de la junte, il y a tout juste deux ans, le 30 mars 2011, le nouveau gouvernement a remisé les uniformes pour se déclarer « civil » et a engagé les réformes. Il a libéré des centaines de prisonniers politiques et permis l'élection, en avril 2012, comme députée d'Aung San Suu Kyi. Le même mois, l'Union européenne a salué le processus et suspendu ses sanctions contre le pays. En mai, ce sont les États-Unis qui ont levé certaines restrictions aux investissements en Birmanie. Puis Barack Obama a définitivement libéré les investisseurs en venant s'afficher en novembre dernier au côté du président, Thein Sein, un ancien général.



    Redoutant des années de stagnation en Occident, inquiètes du ralentissement chinois de 2012, les grandes multinationales projettent tous leurs espoirs de croissance sur la Birmanie, le pays le plus pauvre d'Asie du Sud-Est. Un territoire plus grand que la France, riche en ressources minières, pétrolières et gazières, et stratégiquement placé entre la Chine, l'Inde, la Thaïlande et le Bangladesh. Plus de 62 millions de consommateurs. Sur le papier, le potentiel est considérable. « Il y a tout à faire », résume Yasuhide Fujii, le « partner » sur place de KPMG. Seuls 5 % des Birmans ont un téléphone portable et les trois quarts d'entre eux n'ont qu'un accès limité à l'électricité. « Il faut des routes, des voies ferrées, un port en eaux profondes, des aéroports, de l'électricité et des réseaux d'eau », liste le consultant japonais, arrivé en octobre dernier, à la demande de ses grands clients.
    La France est en lice pour construire le pays, le Japon a pris de l'avance

    Déjà, les chantiers de deux zones économiques spéciales prennent forment à Thilawa, près de Rangoun, ainsi qu'à Dawei, sur la côte plus au sud, où un gigantesque complexe pétrochimique est aussi programmé. Un plan de rénovation et de réaménagement de la ville de Rangoun a été lancé. L'actuel aéroport de Mandalay doit être agrandi, tout comme celui de Rangoun. Un peu plus au nord, c'est un autre aéroport qui va sortir de terre pour désengorger la capitale économique du pays. Les français Vinci et Bouygues sont en lice, séparément, pour plusieurs de ces marchés. Tout comme leurs concurrents japonais, arrivés en masse dans le pays, poussés par Tokyo, qui vient d'effacer un quart des 6 milliards de dollars de dette que lui doit le pays, avant de débloquer de nouveaux prêts pour notamment financer l'une des nouvelles zones économiques spéciales. Au total, l'archipel prévoit 18 milliards de dollars d'aides.



    Contrairement aux États-Unis et à l'Union européenne, le Japon n'a jamais coupé les ponts avec le pouvoir birman. De peur de voir la Chine, contre laquelle il mène une guerre d'influence dans la région, rester le seul partenaire du pays - les groupes chinois exploitent déjà plusieurs mines et barrages dans le pays. Quelques entreprises nippones, et notamment les puissantes maisons de négoce, ont continué de commercer avec le pays. En 2011, le Japon était ainsi le plus gros importateur de textile birman avec 348 millions de dollars de commandes. L'archipel achète aussi toujours 90 % de son sésame noir dans le pays et une partie de ses germes de soja.


    Les points à retenir
    Riche en ressources minières, pétrolières et gazières, stratégiquement placée entre la Chine, l'Inde et la Thaïlande, la Birmanie excite l'appétit des grandes multinationales.
    Les investisseurs japonais, soucieux de contre-balancer l'influence chinoise dans la région, y sont particulièrement actifs.
    Le pays fait encore face à de complexes défis politiques et sociaux, comme l'illustrent ces jours-ci les violents affrontements entre bouddhistes et musulmans.
    Source : Les echos