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La logique du « Too big to fail »

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Cette notion qu’on vous répète incessamment en cours d’économie peut se traduire grossièrement par « Trop grand pour tomber », la traduction n’évoque pas le sens propre que nous pourrions interpréter. Nous allons parler aujourd’hui de régulation bancaire, de socialisation des pertes, de privatisation des profits, d’aléa moral et enfin comment s'en sortir. 

Too big to fail : cela signifie quoi au juste ?

Pour être juste, il faudrait traduire cela par « Trop important pour couler ». Et cela ne veut pas dire que parce qu’un établissement est grand alors il est suffisamment solide pour ne jamais faire faillite, ça serait bien se tromper. Cela veut plutôt dire : l’établissement est tellement grand que s’il tombait, il mettrait en péril toute l’économie du pays, donc ça signifie que quoiqu’il arrive, et quoiqu’il en coûte, il faudra le sauvegarder. C’est ce qu’on appelle la socialisation des pertes aux dépends du contribuable, et d’un autre côté la privatisation des gains qui vont aux propriétaires. Cette désignation est assez récente, elle provient de la crise de 2008 où les États ont directement prêté aux banques pour éviter une faillite générale, toutefois les banques ne remboursent pas encore très bien, comme les banques espagnoles par exemple.

Trop importantes nos banques françaises ?

Il nous faut du concret, à partir de combien le risque de faillite bancaire devient systémique ? Nous allons voir un peu combien pèse nos fameuses banques. Nous voyons souvent les annonces de leurs comptes de résultats, mais finalement, le bénéfice ou le déficit n’explique en rien le poids de la banque. Vous connaissez le PIB français ? Environ 2000 Milliards d’euros. Maintenant regardons le bilan de nos trois plus grandes banques : 

  • BNP : 1907 Milliards d’euros
  • Société générale : 1250 Milliards d’euros
  • Crédit Agricole : 1842 Milliards d’euros

Maintenant, vous devez comprendre l’idée du « Too Big to fail », les banques françaises pèsent plus du double de la richesse française annuelle produite. Certes, elles sont lourdes, mais elles peuvent peut être sans sortir seules, regardons maintenant leurs fonds propres :

  • BNP : 94 Milliards d’euros
  • Société générale : 54 Milliards d’euros
  • Crédit Agricole : 45 Milliards d’euros

Autrement dit, il ne faut certainement pas compter sur les banques pour se sauver elles-mêmes, d’autant plus que la santé des unes dépend de celles des autres vis-à-vis du niveau de liquidité présent sur le marché interbancaire, permettant aux banques de se refinancer au jour le jour.

L’Aléa moral

Si une banque est « Too big to fail », alors qu’en résulte-t-il ? Elle ne coulera jamais, puisque le contribuable sera toujours derrière pour la remonter, et si même ce n’est pas l’Etat qui trinque, ce sont au moins les déposants. Nous avons déjà parlé de l’aléa moral : c’est la réaction d’une personne à un risque, lorsque ce risque est assuré. Un exemple très simple, vous avez un smartphone il n’est assuré contre rien, vous allez faire attention à ne pas le casser. Par contre, si on vous assure contre tout, le vol, la casse, ou encore la défaillance, et bien vous ne prendrez pas le même soin que si ce n’était pas le cas. C’est exactement la même logique avec les banques, lorsqu’on assure leur survie, elles font n’importe quoi. Donc comment faire pour éviter ça ?

La régulation Bale III

Bale III est la dernière réglementation bancaire afin de protéger les banques de la banqueroute. Le ratio de solvabilité Bale III est de 9%, c’est-à-dire que pour prêter 100 € la banque doit en avoir 9 en fonds propres, cela a pour but de faire face à une baisse de la valeur de ses actifs, ou à un retrait massif de la part des déposants (bankrun). Il existe aussi les ratios de liquidité à court terme et moyen terme permettant à la banque de se refinancer durant une période de crise.

Intéressant tout cela, cela limite en tout cas l’aléa moral, toutefois ce n’est pas suffisant, puisqu’en 2010 la banque Dexia avait passé avec succès le stress-test décidé par l’Union Européenne, quelques mois après, elle était mise en péril, preuve que ces ratios ne sont pas toujours suffisants, il en dépend aussi du climat général.

La séparation des activités

Une vision plus anglo-saxonne est de compartimenter les activités des banques pour individualiser le risque, et non pas le socialiser comme nous le disions précédemment. Cela consiste à séparer les banques de détails, des banques d’affaire. Ainsi, les déposants ne risquent pas l’aléa moral (spéculation,…) contrairement aux banques européennes qui font peser le risque sur tout le monde. L’idée c’est tout simplement de refuser que la banque soit « Too big to fail », c’est-à-dire qu’elle puisse faire faillite. Mais comme nous l’avons vu, cela ne fait pas des miracles, puisqu’après avoir essayé ça avec la banque Lehman Brothers, l’État américain s’est empressé de sauver toutes les autres étant donné le séisme dû à la chute de cette seule banque.

En conclusion, nous n’avons malheureusement pas encore de mesures miracles qui éviteraient les cataclysmes bancaires, et celles dont nous disposons aujourd’hui font souvent office d’épouvantail plus que de réelles parades à une crise aggravée. A une heure où les bulles sont encore d’actualité, les banques en piteux état, et les Etats en faillite, une nouvelle crise financière enterrerait définitivement toute reprise, et lancerait le monde dans une longue récession. 

Réagissez à cet article forex "La logique du « Too big to fail »"

  1. Peut-être que je n'ai pas tout compris mais pourquoi une loi ne pourrais pas dire :" vous ne pouvez trader que 50% de vos fonds propres" et si la banque coule elle sera sauvé mais en contre parti une part revient au sauveteur donc si c'est l'argent des contribuables alors une partie de la banque doit appartenir aux contribuables.
    J'espère que je ne suis pas hors sujet.

  2. ouais c'est ça chacun pense à ces intérêt ici maintenant tout de suite et plus tard et ben advienne que pourra, c'est comme nos "chères" dirigeant ils ont un quinquennat, il cherche à servir leurs intérêt et s'en mettre plein les fouilles le plus vite possible et après au bout de 5 ans tant pis si je suis pas réélu de toute façon j'ai le droit à une retraite en or, payé par le contribuable, youpi, attends je remets un peut de vaseline

  3. Oui tout à fait, le modèle capitaliste classique n'a rien de mauvais, association du capital et du travail dans l'entreprise en vue de réaliser une forte valeur ajoutée. Désormais, on cherche à faire du court terme, donc évidemment, à la longue, ça ne paye plus...

  4. Et ouais et ce système a pu être mis en place avec la complicité de tous, le plus grave dans tous ça, c'est que aujourd'hui les états ne sont plus maître de leur monnaie, ce sont les banques qui soufflent la pluie et le beau temps sur l'économie mondiale alors que ça devrai être les ressources et le travail qui devraient maîtriser ça.

  5. Très bon article, très agréable à lire et très instructif Roland ! ;)

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