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L'OCDE fustige toujours autant le protectionnisme

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Mercredi dernier, l’OCDE conjointement à l’OMC délivrait un nouveau rapport incitant à nouveau les dirigeants des pays du G20 à tenir leur engagement quant à leur parole donnée en 2008. Ces derniers s’étaient entendus au début de la crise pour ne pas se replier dans une dimension protectionniste. Néanmoins depuis, la crise a évolué et nous ne sommes plus confrontés aux mêmes problèmes, les grandes agences mondiales pourraient alors revoir leur jugement.

Le procès du protectionnisme

Le protectionnisme est désormais considéré comme un mal pour l’économie, une sorte d’idéologie communautaire ne menant qu’à la guerre et au fascisme. Il est vrai qu’un pouvoir fasciste ou nazi ou plus globalement national-socialiste aura assurément tendance à se recentrer sur son marché intérieur en allant vers du protectionnisme. Néanmoins, ne confondons pas équivalence et implication, le fait que les pouvoirs fascistes soient protectionnistes n’implique pas que les protectionnistes soient fascistes. Cet amalgame a été conçu par les libéraux après la seconde guerre mondiale, souvent repris par les médias, a réussi à définitivement enterrer le débat du protectionnisme.

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La période associée à cette montée du protectionnisme est bien sûr celle de la grande dépression des années 30. Mais comme le soutien Jacques Sapir, cette crise a d’autres causes que le protectionnisme. Déjà avant tout, comme l’atteste ce graphique le véritable choc se situe entre 1929 et 1932, or durant cette période, tous les pays gardent un système de libre échange. C’est seulement après 1932 que les pays vont s’orienter vers le protectionnisme, et on remarque que si la croissance est plus faible en moyenne  qu’aux habitudes de l’époque, elle existe cependant. Mais, cette reprise économique n’est pas non plus le fait du protectionnisme, il est difficile d’affirmer qu’un modèle ou un autre est valable à ce moment. La raison de la reprise de croissance dans certains pays, comme le montre ce graphique, c’est dans un premier temps un Etat très interventionniste dans des pays gouvernés par dictature puis par l’économie de guerre engendrée à la veille de la seconde guerre mondiale. On remarque évidemment, que les pays libres comme la France, les USA ou le Royaume-Uni restent à la traine de la croissance. La période de la grande dépression est trop complexe pour en faire le procès du protectionnisme

Aujourd’hui où en sommes nous ?

Le monde évolue dans un système d’apparence libre échangiste promu par l’OMC depuis bientôt 20 ans, l’OCDE vient aujourd’hui en soutien. Il faut savoir que l’OCDE n’est pas une organisation aux pensées idéologiques transcendantes, ce sont seulement des néolibéraux appuyant leur doctrine. Dans ce cadre idyllique demeure tout de même des incertitudes, la première c’est qu’en réalité, il existe d’importantes formes de protectionnisme mises en place notamment à travers des politiques monétaires. Le libre échange, sous entend une mondialisation de la concurrence, ce qui sur le plan idéologique est très clairement défendable. Néanmoins, il est désormais encore courant d’amalgamer le protectionnisme, celui-ci est souvent perçu, seulement comme l’application de droits de douanes, ou tout simplement de quotas voire d’interdiction à l’importation. Dans ce cadre, il est sûr que cela reste acceptable. Cependant, il existe pléthore d’autres méthodes de faire du protectionnisme, comment faire alors du protectionnisme autrement ? Il suffit simplement de se démarquer de la concurrence mondiale, puisque le système de libre échange sous entend l’existence d’une norme mondiale sur le plan économique. Le libre échange est une conséquence de la mondialisation et non une cause, il faut donc se demander comment à travers autant de monnaies différentes, de gouvernements, de nations et de cultures, nous pourrions avoir du libre-échange.

Voici une liste d’exemples de politiques à caractère protectionniste :

  • Droits de douanes
  • Normes techniques ou sanitaires
  • Quotas
  • Interventionnisme Etatique limitant les flux d’investissements (exemple: un émirati veut acquérir une entreprise française, et la France le refuse).
  • La guerre monétaire, pratiquée aujourd’hui ou pendant la crise financière sans gêne par les Etats-Unis, la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, ou encore la Suisse.
  • Marchés publics prioritaires au pays. Les commandes étatiques se faisant de préférence à ses propres entreprises.
  • Les subventions variées et l’interventionnisme étatique dans le privé. Par exemple les aides publiques à EADS, les primes agricoles ou encore tout simplement des nationalisations.
  • Le dumping sous toute forme, par exemple des pressions à la baisse sur les salaires pour accroitre la compétitivité. En réalité, si on va plus loin, chercher à systématiquement gagner en compétitivité sur le reste du monde demeure un objectif protectionniste. Le dumping fiscal aussi, abaissant au plus les taxes pour se positionner au mieux (comme le fameux « tapis rouge » de Cameron).

Tout cela pour montrer avant tout que si chacun promeut le libre échange depuis plus d’un demi-siècle, le fait est qu’il n’est pas du tout abouti dans aucun domaine. Il ne pourra exister que lorsque les devises n’existeront plus, ni les frontières, ni les Etats et que seul le monde subsistera. En conclusion, à quoi sert-il de chercher à faire du libre-échange lorsque personne n’en fait ? Même Adam Smith défenseur du libre échange et initiateur du libéralisme, légitime le protectionnisme dès lors qu’il n’est pas respecté ailleurs, ce n’est pas la loi du plus fort comme les néolibéraux l’entendent, mais la loi du Talion qui est prônée, de la même manière qu’en théorie des jeux.

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