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L’épidémie chypriote contamine les matières premières

  • Kevinshik

    La réouverture des banques de Chypre n’aura pas eu pour seule conséquence de réjouir la retraitée chypriote, elle aura également apporté un (petit) bol d’air aux principales places boursières mondiales.

    En Asie d’abord, premières places financières à ouvrir, la Bourse du Japon a affiché un gain de 0,50% au lendemain de l’ouverture des banques chypriotes. En Corée du Sud, le Kospi, l’indice phare de Séoul, a progressé pour sa part de +0,7%. Aux Etats-Unis, le soulagement sur Chypre aura permis enfin de passer un seuil historique au S&P 500, à 1,569.19 contre 1,565.15 en octobre 2007. Il faisait suite à la hausse du Dow Jones Industrial Average, qui lui a dépassé depuis quelques semaines ses niveaux de 2007 et enchaîne désormais record sur record. Le CAC40 profitait également de l’accalmie, avec un modeste gain de 0,50%.

    Pourtant l’idée que la crise chypriote n’était qu’un épiphénomène est dangereuse. J’opterai plus pour une épine de plus dans le pied de l’économie mondiale. La retirer ne signifie pas que la reprise amorcée depuis novembre dernier peut se poursuivre.

    Car le cas chypriote n’est pas unique. Depuis un an, une série de pays affichent des indices boursiers en chute libre, les pays d’Europe de l’Est. Le marché tchèque est en baisse de -12,4% depuis un an, le marché hongrois de -8,6%, et celui de la Pologne de -12,9%. Ces baisses anticipent peut être les prochaines crises bancaires à venir. Comme le note le site Gavekal, le FMI a rappelé que les banques slovènes avaient un total de 7 milliards de dollars d’actifs pourris. La seconde banque du pays, la Nova KBM, vient d’ailleurs d’être dégradée par Moody’s. Malte serait également mal en point.

    Faudra-t-il taxer les épargnants slovènes ? En tout cas, l’hypothèse émise par Gavekal il y a deux semaine de voir la BCE aider à renflouer les banques chypriotes, et peut-être slovènes ou maltaises, ne s’est pas concrétisée. En l’absence de mesure plus globale, les crises bancaires à l’est de l’Europe risquent de continuer à peser sur le cours des matières premières. Rappelez-vous, la crise chypriote avait déjà coulé les métaux, comme je vous l’avais expliqué ici.

    Les métaux ne sortent pas de la crise rassurés
    Le plan de refinancement du secteur bancaire chypriote aura fait des dégats. Sur les métaux en premier lieu. L’incertitude qu’a provoqué le cas de la petite île de Méditerranée a échaudé les investisseurs, qui se sont gardé la semaine dernière de revenir sur les actifs risqués comme les matières premières. Résultat, seul l’étain résiste sur un marché du LME déprimé. Cerise sur le gâteau, la crise a aidé l’euro à passer sous les 1,28 face au dollar, rendant les métaux, cotés en dollar, moins attractifs. Edward Meir, analyste du courtier INTL FCStone, résume bien la situation en expliquant que “ce renchérissement du dollar a mis le marché des métaux sous forte pression, tout comme les inquiétudes persistantes sur Chypre et l’impasse politique en Italie”.

    Il faut également souligner que le marché des matières premières a été secoué par la forte baisse de la Bourse de Shanghai, victime de la volonté de l’Etat de contrôler davantage le secteur bancaire chinois.

    Seule la petite note haussière potentielle, les employés du port d’Angamos, au Chili, commence à faire tache d’huile. Le transport du cuivre, notamment de Codelco, pourrait être freiné.

    Les céréales décrochent
    Panique à la Bourse de Chicago hier. Le prix du boisseau de maïs s’est effondré de plus de 11%, alors que celui de blé a chuté de 8,20% et celui de soja de 2,90%. La raison de ce plongeon, c’est la publication jeudi de l’USDA, le ministère de l’Agriculture américain, qui a pris l’exact contre-pied de ce qu’attendaient les traders. En particulier, on attendait les stocks de maïs en baisse, ils sont remontés, à 5,399 milliards de boisseaux. C’est au-dessus de la fourchette haute prévue, bien que ce soit encore en retrait par rapport à la même période l’année dernière. Les stocks de blé et de soja sont également ressortis en hausse, de même que les semis, qui dépasseraient un record datant de 1936.

    L’explication apparaît évidente aujourd’hui, les traders ont sous-estimé les effets de la flambée des prix l’année dernière. Cité par Les Echos vendredi, Sterling Smith, de chez Citigroup, explique qu’”on voit évidemment là le résultat d’une baisse de la demande (…) La hausse des prix a vraiment fait plus de dégâts [sur la demande] que les spécialistes ne voulaient le croire”.

    A plus long terme, même si les aléas climatiques font ressembler la prospective en matière d’agriculture à un vaste jeu de bonneteau, le Conseil international des céréales (IGC) a publié des chiffres optimistes sur la production agricole pour la saison 2013-2014. Pour l’organisme, la production agricole croîtra de 9% entre cette saison et la prochaine, portée par les récoltes européennes et américaines.

    Le pétrole victime d’une fuite
    Le pétrole est peut-être la seule matière qui a profité la semaine dernière de la publication de bons indicateurs américains. Les commandes de biens durables ont rebondi vigoureusement, et les prix des logements ont progressé également, pour le 12ème mois d’affilée.

    Les cours ont aussi profité vendredi dernier de la découverte d’une fuite de pétrole sur l’oléoduc Pegasus, aux Etats-Unis, en provenance du Canada. L’oléoduc a donc été arrêté, ce qui a fait rebondir le pétrole.

    L’or au point mort
    L’or rate la passe de deux. L’once de métal jaune aurait dû décoller cette semaine, avec la résolution bancale de la crise chypriote. Comme l’explique Anne-Laure Tremblay, “l’or aurait dû profiter d’une demande accrue d’investisseurs en quête de valeurs refuges. Pourtant, cela n’a pas été complètement le cas [...] les investisseurs cherchant la sécurité ont préféré à nouveau se tourner vers le dollar”. Le renchérissement de la monnaie américaine a d’ailleurs agi comme une boucle de rétroaction, puisqu’il a permis de renchérir le prix de l’once. La réouverture dans le calme des banques chypriotes a fini d’achever tout espoir de remontée de l’once, qui aurait profité d’un éventuel vent de panique.


    Source : EMP