"ZURICH (Suisse), 6 sept 2011 (AFP) La banque centrale suisse a sorti mardi "l'arme atomique" en décidant de fixer un
taux de change plancher à sa devise, qui n'a cessé de s'apprécier ces derniers mois, mais une aggravation de la crise économique en Europe pourrait mettre à mal ces mesures.
"C'est l'arme atomique. La BNS (Banque nationale suisse) peut imprimer autant de francs suisses qu'elle veut pour acheter de l'euro. C'est une mesure très forte", a estimé Bernard Lambert, économiste à la banque Pictet.
Dans un mouvement quasiment sans précédent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l'institut d'émission a annoncé qu'il avait décidé d'un taux plancher de 1,20 franc pour un euro, un seuil qu'il défendra avec "toute la détermination requise" et en achetant des devises en "quantité illimitée".
La Banque nationale suisse a employé une mesure extrêmement rare, qu'elle avait seulement utilisé une seule fois en 1978 pour enrayer l'appréciation du franc contre le Deutsche Mark.
Concrètement, la banque centrale veut éviter que le franc s'apprécie au dessus de 1,20 franc pour un euro, un niveau qui fait souffrir l'économie suisse et particulièrement les exportateurs, dont les produits deviennent de plus en plus chers et donc moins compétitifs.
La fédération des entreprises suisses avait estimé dans une récente étude que la cherté persistante du franc, qui a pris plus de 11% face à l'euro et plus de 15% face au dollar depuis le début de l'année, menaçait 25.000 emplois chez les exportateurs.
Pour la banque centrale, la cherté du franc "constitue une grave menace pour l'économie suisse et recèle le risque de développements déflationnistes".
Techniquement, la BNS doit émettre massivement des liquidités. L'institut d'émission "doit être prêt à jeter sur les marchés des volumes énormes de francs suisses pour être crédible", a précisé Janwillem Ackett de Julius Baer.
"Cela ne doit pas valoir le coup pour un spéculateur de spéculer contre la BNS" et cette dernière devra employer jusqu'à 100 milliards de francs suisses par jour pour défendre sa position, selon M. Ackett."