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ATHENES (Reuters) - La Grèce va se doter jeudi d'un nouveau gouvernement dont le ministère des Finances ne devrait plus être dirigé par George Papaconstantinou, mais la politique d'austérité qu'il conduisait dans le cadre de l'accord d'aide financière de l'Union européenne et du FMI restera elle inchangée.
Au soir d'une journée de mobilisation tendue dans les rues d'Athènes contre la nouvelle cure de rigueur, le Premier ministre George Papandreou a annoncé mercredi qu'il allait remanier son gouvernement et qu'il demanderait ensuite un vote de confiance au parlement.
Mais le chef du gouvernement socialiste, qui avait proposé sa propre démission dans la journée, a été très clair: "Je poursuivrai sur la même voie. C'est la voie du devoir", a-t-il prévenu dans une allocution télévisée.
Pour les analystes, Papandreou devrait obtenir des députés l'adoption de ce nouveau plan de rigueur à base de hausse des prélèvements obligatoires, de baisse de la dépense publique et de privatisations. Mais le remaniement ministériel, préviennent-ils, ne calmera pas la colère de l'opinion publique.
Athènes est tenu de s'engager sur ce nouveau plan d'austérité pour obtenir davantage d'aide financière de l'UE et du FMI et d'éviter de se mettre en défaut de remboursement de sa dette.
Le remaniement devrait éloigner le risque de défaut, parce qu'il signifie que Papandreou a rejeté les pressions de l'opposition qui lui demandait de renégocier l'assistance financière internationale et maintient au contraire son plan de rigueur.
"VICTIME SACRIFICIELLE"
"Il obtiendra la confiance des députés sur son nouveau gouvernement et il est plus que probable que le plan sera adopté et que le cinquième versement (de l'aide de l'UE et du FMI) sera débloqué", estime Theodore Couloumbis, analyste au centre d'étude et de réflexion Eliamep.
Pour ce faire, Papandreou devra vraisemblablement se débarrasser de son ministre des Finances, architecte en chef des réductions budgétaires drastiques et rejetées massivement par l'opinion mais exigées par les partenaires européens d'Athènes et le FMI dans le cadre de l'aide de 110 milliards d'euros définie au printemps 2010.
"Il lui pourrait être nécessaire de faire de son ministre des Finances une victime sacrificielle", admet un responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat.
Au sein du Pasok, le parti socialiste grec, certains cadres imputent au ministre des Finances l'échec du gouvernement à respecter les objectifs attachés au plan de renflouement, à commencer par les insuffisances de la collecte des impôts et des recettes publiques.
Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), est le plus nom le plus fréquemment cité pour lui succéder. L'actuel ministre de la Défense Evangelos Venizelos, qui était chargé de la préparation des Jeux olympiques d'Athènes en 2004, et le ministre du Développement, Mihalis Chrysohoidis, font figure d'outsiders.
George Papaconstantinou pourrait être déplacé lui, selon certains médias, à la tête du ministère des Affaires étrangères.
D'autres ministres qui focalisent également la colère de l'opinion pourraient faire les frais de ce remaniement, ajoute ce responsable gouvernemental. Outre le chef de la diplomatie, Dimistris Droustas, seraient menacés la ministre de l'Environnement, Tina Birbili, et le ministre de la Culture et du Tourisme, Pavlos Yeroulanos.
RETOUR AUX URNES ?
"Il va changer Papaconstantinou, et je m'attends aussi à ce que certains de ses collègues sortent du gouvernement", confirme Costas Panagopoulos, de l'institut de sondage ALCO.
Mais le sondeur ajoute que le Premier ministre grec aura peut-être du mal à convaincre des personnalités issues de la société civile à entrer au gouvernement. Pour Theodore Couloumbis, du think-tank Eliamep, l'initiative prise mercredi soir par Papandreou vise avant tout à cimenter le groupe socialiste à l'Assemblée. Après une défection enregistrée mardi, le Pasok ne détient plus que 155 sièges sur 300 au Parlement. Et un autre député socialiste a annoncé son intention de voter contre le plan de rigueur.
"Certains élus socialistes pratiquaient une forme de torture chinoise en déclarant quotidiennement qu'ils ne le soutiendraient pas. Il veut vraisemblablement leur infliger une peur bleue et les prévenir que s'ils ne soutiennent pas ce futur gouvernement, il y aura des élections", analyse-t-il.
Il n'est pas sûr cependant que la question des élections anticipées, réclamées mercredi par Antonis Samaras, dirigeant de la Nouvelle Démocratie, la principale formation de l'opposition, ne refera pas rapidement surface.
"Cela pourrait même intervenir cet été, parce que le problème découle de la politique qui est menée, pas de la personnalité des ministres. Le peuple qui manifeste sur la place Syntagma ne se contentera pas de voir quelqu'un d'autre au ministère des Finances", pronostique Costas Panagopoulos, de l'institut de sondage ALCO.
Henri-Pierre André pour le service français