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Les stratégies de trading haute fréquence

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Le trading haute fréquence suscitait déjà des inquiétudes il y a quelques années après quelques frayeurs sur les marchés, désormais la technologie s’est perfectionnée. Récemment, un nouveau câble transatlantique a été installé entre l’Europe et les Etats-Unis pour améliorer les vitesses de transaction. Aucun évènement notable ne s’est produit sur les marchés financiers récemment, mais la course à l’armement technologique déployé par les institutions bancaires alarme de plus en plus les régulateurs.

La folie des grandeurs

Aujourd’hui, temps nécessaire pour faire transiter une information de Londres à New York est d’environ 34 millisecondes. Mais un projet, Hybernia Networks vise à installer un nouveau câble entre ces deux mégalopoles, non pas que le précédent ne soit plus opérationnel, mais les besoins du trading algorithmique appellent une amélioration de la vitesse de transport. Ce câble, intégralement conçu en fibre optique pour faciliter les échanges entre les places boursières offrira un gain seulement de 5 millisecondes sur la vitesse actuelle. Ce projet coûte environ 300 millions d’euros, preuve que la milliseconde a son importance…

Les fondements du trading haute fréquence 

Principalement, c’est la libéralisation des marchés financiers aux Etats-Unis qui a provoqué cette fuite en avant vers la technologie. En effet, dans les années 90, les  transactions financières sont gérées en duopole, d’un côté le NYSE (New York Stock Exchange) et le NASDAQ, les ordres sont envoyés le plus souvent déjà de manière électronique, mais l’exécution est encore humaine, ce sont des market maker qui s’en chargent. Mais la finance mondiale se développe, et de nouveaux intervenants se présentent, les deux marchés vont alors décider d’une entente pour maintenir des spreads suffisamment élevés au lieu de se lancer dans une guerre des prix. Face à cela, la SEC n’a eu d’autre possibilité que de détruire le duopole comme l’entendent les traités anti-trust américains, et pour ce faire, il fallait libéraliser le marché et faire venir de la concurrence. A partir de là, quiconque peut installer une nouvelle place de transaction, les marchés encore influents doivent répondre par de la compétitivité, il fallait rester dans les clous. Les opérateurs humais devenaient trop coûteux, on a remplacé l’homme par la machine, et c’est vers la fin des années 90 que les premiers ECN (Electronic Communication Network) voient le jour. Le passage d’ordre est alors commandé directement par les investisseurs.

A ce moment-là, les spreads vont sérieusement décroitre, le marché devient de plus en plus liquide. Il va donc falloir commencer à repousser les limites techniques pour continuer à offrir une compétitivité croissante, ça commence par la décimalisation, c’est-à-dire augmenter le nombre de décimales. Si sur un produit vous n’avez qu’une décimale, le spread minimal sera donc de 0.1 unité. En augmentant le nombre de décimales, on peut offrir des spreads toujours plus faibles (exemple du passage de 4 à 5 décimales sur le Forex qui offre la possibilité de compter le spread en dixième de pips). Puis ensuite, les marchés se sont développés, certains plus rapides que d’autres fournissaient alors des temps d’avance. La SEC a encore une fois tranché, et elle impose désormais à chaque broker d’exécuter les ordres des clients à la meilleure offre nationale et non locale. Consécutivement à cela, bien sûr les brokers vont se lancer dans une guerre de la vitesse pour l’exécution des ordres, créant alors l’environnement idéal pour le développement du trading algorithmique à haute fréquence.

Les stratégies développées 

La première, et certainement une des plus scandaleuses est celle qu’on a appelé le « rebate trading ». Les brokers vont chercher à avoir un maximum de liquidités, et pour cela il faut attirer les clients. Les traders haute fréquence sont d’excellents sujets à ce propos, ils tradent énormément et apportent ainsi beaucoup de liquidités au broker. Pour attirer ces clients, les brokers vont proposer un « rebate », c’est-à-dire qu’ils seront rémunérés pour chaque trade. Cette offre va mener à une démarche tout à fait absurde où les traders haute fréquence vont trader pour trader, apportant la liquidité mais rien d’autre, ni spéculation, ni investissement.

Une autre, et plus modérée consiste en des arbitrages statistiques, c’est-à-dire trader des différences de cotations entre deux produits fortement corrélés, plus synthétiquement, on trade le retour à la moyenne (aussi appelé le « mean reverting »). Pour réaliser cela on utilise des outils statistiques montrant dans un premier temps qu’il existe une relation forte, et dans un second qu’il y a un excès significatif. L’algorithme va donc trader tout seul et prendre position lorsque des cours s’éloignent trop. La particularité, c’est que tout le monde s’y est mis les dernières années, et donc, ce qui va déterminer la réussite de ces trades, c’est la capacité à détecter l’occasion et à se positionner en conséquence, d’où la concurrence au niveau de la vitesse.

Ensuite vient le « Latency trading », ici c’est un trading déterministe. Pour reprendre le cas des Etats-Unis, les prix du marché sont indiqués par un système national à partir des données, ensuite il est affiché, et fait référence pour les positions. Si on arrive à disposer d’un matériel qui calcule plus vite de ce système national, on peut voir le prix futur en avance, et donc trader les écarts, ici les différences sont en millisecondes, ou microsecondes.

On connait aussi des stratégies illégales, par exemple le « quote stuffing », cela consiste à inonder un carnet d’ordre, d’ordres bidons dont on sait soi-même qu’ils ne seront pas exécutés, donc ils sont ignorés par la machine, par contre pris en compte par les machines concurrentes et on peut ainsi essayer de les faire « ramer » et donc gagner sur elles. On a aussi la technique du « layering », elle consiste à lancer un paquet d’ordres d’achat à seuil sur des niveaux différents pour réaliser des « couches » d’ordres. Une fois le palier touché, on annule tous les autres ordres et on vend massivement. Ces deux techniques sont considérées comme des manipulations du marché, et sont par essence interdites.

Le trading haut fréquence commence à être bien connu, mais on dispose de très peu de chiffres pour étayer en faveur ou non. Le risque de flash crash (exemple du 10 mai 2010) montre un risque technique sous-jacent important. Ses défenseurs vous diront que les opérateurs du trading haute fréquence apportent des liquidités et permettent de serrer les spreads. Néanmoins, il est difficile de le vérifier, et certains institutionnels traditionnels sont mis en péril face aux automates. Ce qu’il faudrait avant tout, c’est un appareil de régulation national ou mondial qui au moins, puisse devancer les privés.

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