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Les réformes des retraites en Europe

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Grande problématique que celle de la gestion des retraites, l’évolution démographique, le choix du modèle de pension, la stabilité du marché de l’emploi, ou encore la bourse, autant de variables qui mettent à mal la soutenabilité du modèle français actuel. Aujourd’hui nous allons voir quelle alternative nous pourrions trouver pour limiter le besoin de financement des retraites françaises.

La proportion future de cotisants 

Le COR (Comité d’Orientation des Retraites), composé d’experts et de parlementaires a publié plusieurs rapports sur le problématique des retraites à moyen et long terme. Chacun d’entre eux porte sur une échéance, il se base sur les projections démographiques pour proposer de nouveaux modèles de gestion. On y apprend que la proportion : nombre de cotisants sur nombre de retraités va continuer à décroitre. En effet, aujourd’hui elle est de 2.1 cotisants pour un retraité, en 2020 elle devrait être de 1.65, puis de 1.4 en 2040 et enfin de 1.35 en 2060. Une projection à 50 ans parait audacieuse, néanmoins l’incertitude n’est pas si grande (hors évènement ponctuel), dans la mesure où les personnes naissant aujourd’hui seront encore vivantes à la fin des projections. De surcroît, démographiquement parlant, les estimations pour l’augmentation de la durée de vie des populations sont systématiquement minimisées, on peut donc s’attendre à ce que ces projections envisageables.

Le COR propose alors des scénarios plus ou moins optimistes, mais dans l’ensemble très optimistes par rapport à la situation réelle du marché de l’emploi. Les taux de chômage retenus vont de 4.5% à 7% ce qui évidemment est presque utopique puisqu’en France, le chômage structurel est supérieur à 7%, ces scénarios sont donc plus qu’optimistes et ne reflètent en rien la réalité de la situation du marché de l’emploi en France. Néanmoins, le chômage dans la problématique des retraites n’est pas le point clef, le plus important c’est la part de la population active (en gros, il faut faire travailler d’avantage les femmes et les personnes âgées).

Nous ne rappellerons pas ici les modèles classiques de retraites, c’est-à-dire de Bismarck ou de Beveridge. Nous nous contenterons de dissocier les modèles par répartition et les modèles de capitalisation. Le modèle de répartition est un modèle générationnel, c’est-à-dire que les travailleurs payent pour les retraités, modèle très connu en France, il est très sensible aux variations démographiques. Le modèle par capitalisation, d’une certaine manière n’est pas un modèle, il n’établit pas de flux publics, les travailleurs vont d’eux même constituer leur retraite avec leur propre revenu à travers des organismes de gestion, des fonds de pension. En Europe, les modèles sont emboités à proportion variable, en France le modèle par répartition est grandement majoritaire (plus de 90% des revenus des retraités). Il est difficile de proposer des modèles généraux, car il existe nombres de régimes spéciaux.

En France encore aucune véritable réforme des retraites n’a été entreprise, dans la situation de crise actuelle, les pouvoirs publics ne cherchent pas des mesures de long terme. Or, réformer le régime des retraites, c’est par essence agir à long terme, comme en atteste les réformes allemandes du début des années 2000 qui auront des effets vers 2030. Ou encore les réformes finlandaises des années 90 qui devraient agir en 2020. Si François Hollande décide d’une refonte du modèle, les effets ne se feront sentir pas avant 2040 ou 2050, ce qui d’un point de vue électoral n’a aucun intérêt. En France, on applique une stratégie du pas à pas, c’est-à-dire presque une réforme par quinquennat, le problème demeure que cette stratégie est extrêmement floue pour les agents économiques. En effet, si on dit clairement à la population que les retraites seront diminuées dans 30 ans, les gens peuvent s’adapter et se pourvoir d’un complément dans un fond de pension.

Rajouter la capitalisation ?

Le modèle de capitalisation est incité par les institutions mondiales, notamment la banque mondiale ou l’OCDE. Les modèles de répartition occidentaux ont été longtemps très généreux, voire excessifs avec des rémunérations de retraites parfois supérieures au salaire précédemment perçu. Néanmoins, la gestion complète d’un régime de fond de pension est très complexe, on imagine très aisément l’iniquité pour les revenus faibles, et encore plus pour les chômeurs. Le modèle par capitalisation ne peut pas s’employer pleinement, néanmoins étant donné la soutenabilité du modèle de répartition actuel, au lieu d’agir brutalement sur les 3 leviers du modèle (durée de cotisation, rémunération des retraites, coût des cotisations), il serait envisageable d’inciter d’avantage les ménages à se tourner vers le privé, sans pour autant changer de modèle. Le risque du modèle de capitalisation, c’est celui du rendement des produits financiers, car les fonds de pension agissent bel et bien grandement sur les marchés financiers, ils doivent être solvables. De plus, le risque d’une récession aggravée ou d’une crise financière est évident. Le modèle par répartition lui, parie sur la stabilité démographique et la stabilité du taux d’activité dans le pays. Dans les deux cas, le modèle est sensible à la conjoncture, la différence c’est que celui par répartition est garanti par l’Etat.

Dans le modèle par capitalisation, le risque est porté de manière individuelle, et de manière collective pour le modèle par répartition. Pour prendre l’exemple des pays anglo-saxons, aux Etats-Unis, le modèle par capitalisation domine. A la base, le modèle américain était beaucoup plus soutenable, c’était le modèle à prestation définie, c’est-à-dire que l’employeur s’engage au versement d’une pension proportionnelle à la part de salaire ponctionnée (c’était un modèle où le risque était soutenu de manière collective). Mais ce modèle était risqué pour les entreprises, donc elles ont préféré se tourner vers le modèle à cotisation définie, ça reprend la même base, mais ici l’employeur va adresser les cotisations à un fond de pension, et le risque (que la bourse s’effondre) n’est plus supporté que par le cotisant. Ce modèle est extrêmement risqué car il individualise totalement le risque.

Pour conclure, le déficit du fond des retraites françaises va continuer à s’accroitre, il est d’environ 14 milliards d’euros aujourd’hui. Le gouvernement et les prochains continueront certainement une stratégie de pas à pas, et pour limiter l’effet de la vieillesse, l’immigration sera très certainement retenue comme variable d’ajustement à cet égard. Opter pour un modèle par capitalisation serait éminemment risqué, mais le modèle actuel n’est plus soutenable si la part de la population active diminue encore… Ou alors comme le propose Jacques Attali, il faut tuer les vieux. 

Source: http://www.cor-retraites.fr/rubrique3.html

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