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L'OCDE ne veut plus de Bismarck

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A nouveau, le travailleur français coûte bien trop cher. Il est pourtant productif, mais en plus de peser sur les marges, il est difficile à virer. L’OCDE fustige toujours autant le modèle assuranciel français à la Bismark, son dernier rapport, des plus libéral nous amène d’avantage vers le modèle de couverture universelle anglo-saxon.

Les grands modèles de protection sociale 

Il existe deux grands modèles pour la protection sociale, le premier est le modèle à la « Bismarck » du nom du chancelier allemand, le second est celui à la « Beveridge » du Lord anglais. Ils s’opposent en tous points, et nous allons voir s’il est intéressant d’en changer.

Le modèle à la Bismark 

C’est le modèle actuel en France, mais qui tend à disparaitre. C’est une logique assurancielle, elle est inventée en 1883 par Otto Von Bismark, elle s’appliquera rapidement en Allemagne, et ne gagnera la France qu’en 1930, mais s’y installera durablement. Cette protection sociale, constitue une aide en termes d’allocation chômage ou couverture des dépenses de santé. Elle se base sur quatre piliers idéologiques, en premier c’est une protection sociale qui ne se finance que sur le travail, et ne dépend donc pas d’impôts individuels. En conséquence, seuls les travailleurs en sont bénéficiaires. Secondement, cette protection est obligatoire pour tous les salariés dont le salaire ne permet pas une couverture individuelle.

C’est un modèle assuranciel, et donc il se fonde principalement sur le principe de proportionnalité, aussi bien aux cotisations qu’à leurs prestations. C’est-à-dire, que plus on gagne, et plus on y participe, et en retour on bénéficie d’une meilleure protection. Ce système semble logique, car il garantit la survie des salariés au chômage ayant pris des crédits. En effet, si vous gagnez plus, vous empruntez de plus gros montants, dans le cas où vous perdez votre emploi, la proportionnalité de vos cotisations vous donne droit à disposer d’une meilleure allocation chômage, et donc de pouvoir continuer à rembourser un emprunt. Et dernièrement, les cotisations sont ajustées à parts égales entre les salariés et l’employeur. A ces début, la protection sociale à la Bismark ne touchait que les salariés, mais dans le temps elle s’est étendue à d’autres classes (étudiants, travailleurs indépendant,…) et à d’autres types de risques.

Le système à la Bismarck parait très cohérent, mais il demeure cependant un problème non négligeable. Sa survie est intimement liée à l’efficacité du marché de l’emploi et à la démographie. En France, la retraite est aussi garantie, par un modèle de répartition (en opposition au modèle de capitalisation)  axé sur une vision assurancielle. Ce n’est donc pas la croissance du capital qui est visée, mais celle du taux d’emploi. Le souci est le suivant, en phase de crise, le chômage augmente sérieusement, les revenus des cotisations diminuent donc, et pourtant les prestations sociales augmentent (puisque plus d’allocations chômage à verser), les caisses sont donc en déficit et force l’Etat à s’endetter. De surcroît, il faut veiller à maintenir une démographie stable, le papy boom est destructeur pour ce type de modèle, puisque la part du nombre de cotisants diminue face à celles des bénéficiaires.

Le modèle à la Bismarck est cohérent, mais seulement en accord avec une politique d’emploi. Le problème étant que la rigidité dont fait preuve le modèle français force nécessairement le chômage. On parle ici de rigidités externes et internes, respectivement le CDI et les 35h. On ne remet pas en cause individuellement le modèle de sécurisation de l’emploi ou de protection sociale, mais leur union conjointe. L’un ne peut pas fonctionner avec l’autre, et ce faisant, il faut choisir.

Le modèle à la Beveridge

C’est un modèle venant d’Angleterre, décrit en 1942 et qui aujourd’hui est largement majoritaire. Il est d’inspiration universaliste, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de restrictions sur les classes concernées, tout le monde en bénéficie. Et de la même façon, tout le monde le finance à part égale. Il s’oppose complétement au modèle à la Bismarck, il suffit de prendre tous les points de ce dernier, d’en trouver le contraire, et on trouvera le modèle à la Beveridge. Synthétiquement, chacun y contribue, et sur la base d’un impôt généralisé ; il pourvoit chacun d’un filet minimal fixe, autant les banquiers que les ouvriers (mais dans tous les cas, la prestation est souvent inférieure à celle du modèle à la Bismarck). Contrairement à ce dernier, la gestion ne passe pas par des caisses mettant en avant l’employeur et l’employé, mais seulement l’Etat et le citoyen.

Les inconvénients de ce modèle sont les avantages du précédent. Un avantage du modèle à la Beveridge, c’est de pouvoir à tout moment changer sans contrainte le montant des cotisations ou des prestations, ce qui n’est pas le cas du modèle à la Bismarck qui est géré par les patrons et les salariés. C’est-à-dire que lorsque l’Etat est en déficit, il peut décider rapidement d’abaisser le coût des prestations. Par contre l’inconvénient, c’est que ce système a un fort pouvoir récessif, puisque lorsqu’un cadre disposant d’un prêt important se voit licencié, il touche autant d’aide qu’un SDF et alors nécessairement à défaut de retrouver un emploi immédiatement, il en devient un. Ce modèle permet cependant de diminuer grandement le coût du travail, au Royaume-Uni environ 20 € de l’heure, contre 34€ en France, et donc de favoriser les investissements productifs.

Que veut l’OCDE ?

Simplement que le France converge dans son ensemble vers un modèle anglo-saxon. Simultanément sur le modèle de protection sociale et celui du marché du travail. Pour résumer en clair, il faut : passer sur modèle à la Beveridge, supprimer les 35 h, supprimer le CDI ainsi que les rigidités du licenciement. Le modèle à la Beveridge n’a rien de meilleur, il est même à mon sens bien moins logique que celui du chancelier allemand, seulement il est beaucoup plus simple à gérer dans la durée, la preuve en est le trou de la « sécu ».

Pour conclure, le modèle à la Bismarck fait face simultanément au problème démographique et au problème du chômage, ainsi l’OCDE conseille de s’en débarrasser et de changer du tout au tout. Mais à l’heure du choix de la croissance, appliquer un modèle aux effets fortement récessifs (on le remarque, les modèles à la Beveridge ont beaucoup  plus souffert en 2009) semble assez déraisonné. Il conviendrait plutôt de mener seulement une politique de l’emploi autant conjoncturelle que structurelle, et dans un second temps à plus long terme une politique nataliste. 

Source: Rapport de l'OCDE

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  1. Trader invité mickabis

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