La finance française est en difficulté, malgré une année positive pour les titres bancaires français. Quoique les avis étrangers soient assez partagés, un consensus pessimiste se forme. C’est une mauvaise année pour la croissance et le crédit, mais au-dessus de la conjoncture, la finance française a du mal à se défaire de difficultés structurelles.
Un relâchement sur le crédit
Les banques américaines, publiant des résultats presque hallucinants pour certaines, ont profité d’une reprise significative du crédit aux Etats-Unis. Et bien que les français soient largement moins endettés que les ménages américains, ils ont pourtant levé le pied, dans ce climat d’incertitude. Celui-ci croît tout de même, de 2.3% sur l’année, ce qui est considérable, mais en 2011, il avait cru de 6 % comme en 2010, et de 4.1% en 2009, alors que la France était en pleine récession. Le crédit n’est historiquement pas une habitude française, cependant l’endettement des ménages reste élevé autour de 82% des revenus d’après la Banque de France. Aux Etats-Unis, le taux avoisine les 115% et atteignait presque 140% avant la crise.
Si les français tendent à vouloir se désendetter, il faut alors prévoir une baisse de la consommation, et par conséquent des crédits.
Le crédit Agricole en a fini avec Emporiki mais souffre en 2013
Emporiki, c’est la filiale grecque du Crédit Agricole, depuis le début de la crise de la dette, la banque française alors extrêmement exposée aux pertes grecques cherchait désespérément à s’en séparer, mais sans grand succès. Désormais, c’est chose faite, mais la crise est passée par là, et la banque enregistre des charges exceptionnelles de plus de 4 milliards d’euros dans ses comptes. C’est une perte colossale vis-à-vis de la taille de la société, puisque sa capitalisation boursière n’excède pas les 19 Milliards d’euros. Le titre s’est bien ressaisi depuis, mais il touchait cet été son plus bas historique à moins de 3 € l’action.
La Berenberg fuit la France
Cette banque d’investissement allemande propose un très mauvais scénario pour les banques françaises, et ce, sans extravagances, puisque dans les conditions économiques actuelles, il est crédible. Les banques françaises devraient subir une longue traversée du désert selon elle, et les politiques ne pourraient en rien changer cette situation. La rentabilité des banques seraient amoindrie, en moyenne les rendements sur capitaux propres ne dépassent pas les 7% sur les 40 dernières années. La finance française est placée dans le bas du panier à ce propos.
Concernant ses prévisions, elle recommande la vente sur BNP Paribas avec un objectif de 25 € alors que le titre s’échange aujourd’hui à 46 €. Le Crédit Agricole devrait aussi revoir ses plus bas d’après la banque d’investissement, avec un objectif à 3€ le titre. Et de même pour la Société Générale avec une cible à 16 € contre 33 € aujourd’hui.
Pour conclure, il faut dissocier les aléas conjoncturels, des décisions stratégiques. Le Crédit Agricole paye ses erreurs de gestion, alors que le secteur bancaire en général paye les difficultés économiques en Europe. La volonté de désendettement des ménages, en retard par rapport aux Etats-Unis, risque de miner les profits bancaires. Le crédit à la consommation, premier visé, souffre déjà énormément, espérons qu’il ne mette pas en péril la consommation en général.