Depuis un peu plus de deux ans, nous nous y accoutumons, les Etats-Unis doivent revoir à la hausse le plafond de leur dette. Barack Obama d’un côté cherche accroître l’imposition sur les ménages les plus aisés pour réduire le déficit de l’Etat fédéral, les républicains rejettent en bloc, tout en proposant un programme de coupe budgétaire massive. Le président réélu voudrait bien retirer ce problème de plafond de la dette, rien de plus simple, il suffit de l’enlever.
Le plafond américain
En France on se soucie fort du niveau de la dette, mais aux Etats-Unis, encore plus. Cela pour une raison simple, il existe un plafond à celle-ci ; son dépassement interdit les Etats-Unis à s’endetter au-delà de son seuil. De ce fait, si la dette atteint ce niveau, l’Etat n’a plus moyen de financer son déficit, donc les fonctionnaires ne sont plus payés. Désormais, chaque année depuis la crise, le plafond est atteint et pourtant, cet évènement n’est encore jamais survenu depuis. La raison en est l’amendement McConnell, celui-ci permet au président de demander au Congrès le droit d’augmenter le niveau du plafond. C’est ce que fait le gouvernement chaque année depuis deux ans. Alors puisque cela devient redondant, et à chaque occasion, cela procure une panique générale et un accord in extremis, Barack Obama cherche à vouloir automatiser le rehaussement du plafond, autant dire en plus clair : le supprimer.
Les républicains ne jouent pas le jeu
Avec une dette de 103% de leur PIB, les républicains exigent une réduction drastique des déficits publics. Pour ce faire, ces derniers proposent principalement des mesures typiques de droite, c’est-à-dire de coupes dans les dépenses publiques et des hausses fiscales moindres. En 2011 les dépenses étaient de plus de 3500 Milliards de dollars courants, et les recettes de 2300 Milliards de dollars. Soit un déficit de 1200 Milliards de dollars soit 8.7% du PIB annuel. En France, 3% est déjà considéré comme trop. Les républicains proposent alors une découpe massive dans les dépenses publiques, et acceptent une hausse fiscale de 800 Milliards, soit par rapport à l’an dernier, presque un retour à l’équilibre. Obama refuse en bloc cette proposition, et pour le moment, certainement à raison.
Les républicains jouissent pleinement de leur position d’opposition pour se montrer défenseur de l’équilibre budgétaire tout en sachant que leurs propositions ne passeront jamais. Si la coupe budgétaire des républicains passait, les Etats-Unis tomberaient presque assurément en récession avec une hausse flagrante du chômage.
Alors comment faire ?
Le souhait des Etats-Unis est désormais d’abroger toute forme de contrainte à leur actuelle politique, déjà suffisamment absurde. La politique actuelle des Etats-Unis est de coupler les QE avec une forte assistance budgétaire de l’Etat. Le premier problème de cette politique, c’est le plafond de la dette, alors Obama cherche à le supprimer, de cette façon les USA pourront s’endetter jusqu’à des niveaux illimités et ainsi atteindre une politique similaire à celle du Japon.
Pour l’instant, les politiques du QE et de la dette ont des effets plutôt positifs avec une baisse du chômage, mais celle-ci n’est pas extraordinaire. Par ailleurs, derrière cette baisse du chômage, le taux d’emploi lui n’est pas bon, et cependant, c’est bien à coup de 40 Milliards de dollars par mois que la FED soutien l’économie. Les Etats-Unis jouissent d’une position tellement forte, que d’une certaine manière, leur dette ne les écroule à la manière des grecs, et leur pouvoir régalien, contrairement à ces derniers leur offre le droit de monétiser leur dette. Les Etats-Unis sont situés à une position telle que si le monde s’écroule, ils s’écrouleront avec, mais jamais ils ne s’écrouleront sans lui. La base monétaire mondiale est le dollar, plus de 70% des transactions libellées dans cette devise, aucun investisseur n’a intérêt à accabler les Etats-Unis. C’est d’une certaine manière la même chose que les banques, on ne peut pas les pénaliser car leur fonctionnement garanti celui de l’ensemble. Une forte récession aux USA coulerait définitivement tout espoir de reprise mondiale, et sans la politique ultra laxiste actuelle, c’est ce qui arriverait, donc contrairement à la Grèce ou à L’Espagne, qui ne sont pas systémiques, les créanciers internationaux demeurent indulgents.
En conclusion, les Etats-Unis font un nouveau pas dans une politique dont on connait les effets à moyen/long terme. Ils continuent à faire croire que cela va bien, cela à travers de la dette et des dollars à profusion, et ce, garanti par la gratitude des marchés. Mais en dernier ressort, n’oublions pas qu’en imprimant un dollar, ce dernier vaut moins que celui d’avant ; et que de surcroît, la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit, alors cette politique à une fin nécessaire. Tout dépendra du timing, dans un contexte de reprise générale futur, les USA pourront peut-être calmer les jeux avant qu’ils ne soient faits.
Bonjour Roland, j'ai bien aimé ta façon de voir les choses. Bravo très intéressant ! Une analyse technique du dollar US aurait été super en complément. Au plaisir de te lire à nouveau. Paul.