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Les banques garderont les mains libres

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Le secteur bancaire a aujourd’hui pris une place prépondérante dans l’économie mondiale, toutefois nous ne voyons en ressortir que des méfaits et des dérives. Quoique si le thème de la prééminence du pouvoir bancaire ne dérange visiblement pas Outre Atlantique, tant il est hégémonique, les européens demeurent encore très perturbés par ce modèle. 

Superviser pour mieux diviser 

Le plan de supervision bancaire de Michel Barnier en charge de cette tâche, actuel commissaire européen chargé du marché intérieur n’est pas aux goûts de tous. Ce dernier s’appliquerait aux 6000 banques que compte la zone Euro. Principalement, l’idée est de prévenir et de guérir en gardant les Etats hors de cause. Cela passe d’un côté, par un pouvoir de la BCE sur l’ensemble des banques en passant par la surveillance des niveaux de liquidité de chacune. D’autre part, les banques pourraient avoir recours à un fond de secours. L’intérêt c’est de couper le pont entre les Etats et les banques. En effet, lorsque les banques sombrent, les Etats s’endettent pour les épargner sombrant eux-mêmes à leur tour. Mais il ne faut pas rêver, même si les pouvoirs européens sont absolus, ils ne sont pas transcendants, ce qui va dans une poche en sort d’une autre. A priori, le fond qui servira à cela, sera le MES. Et le MES est financé par les Etats nationaux eux-mêmes financés par les nationaux. Donc, le renflouement des banques viendrait des européens, et non d’un don du ciel. Au final, on se retrouve avec un nouvel endettement des Etats.

Mais, si les efforts sont louables, le consensus ne se fait pas en Europe, et comme à l’accoutumé le fer de lance de l’opposition demeure la Finlande suivie de l’Allemagne.  Toutefois, leurs arguments paraissent légitimes. La BCE elle-même a déjà déclaré qu’elle ne disposait pas des ressources suffisantes pour asseoir autorité sur le système bancaire de la zone Euro. De surcroît, on sait désormais que des banques ne présentant pas de risques systémiques, pouvaient précipiter d’importants épisodes de crise, par exemple Bankia en Espagne ou Dexia en France/Belgique. Et il réside encore les problèmes d’asymétries juridiques entre l’Union Européenne dont l’Autorité Bancaire Européenne dépend et de la zone Euro dont la BCE elle-même dépend. La très forte réticence de certains nous laisse présupposer que ce projet tend à avorter tant sa mise en œuvre serait difficile à mener.

Au niveau national : la nationalisation ?

Cela irait à l’encontre d’une union bancaire européenne, mais celle-ci semble vouée à l’échec. Il n’est pas nécessaire pour l’Etat de prendre 100% du capital d’une banque pour en prendre le contrôle, le tiers suffit. L’opération n’est pas nécessairement aussi bête que ce que nous en présentent les politiques.  En 2011 le coût de nationalisation des trois plus grandes banques françaises (BNP, SG et CA) était évalué à hauteur d’un peu plus de 20 Milliards d’euros. Mais en même temps, BNP réalisait un profit de près de 8 Milliards d’euros pour l’année 2010 et de 6 Milliards en 2011. L’investissement pourrait alors encore demeurer rentable pour l’Etat malgré la hausse récente des valeurs bancaires (les banques ont une plus forte capitalisation, ce qui augmenterait le coût d’une nationalisation). Et surtout, en s’endettant à 2.2% sur des OAT 10 ans et en récupérant des dividendes bien supérieurs, le montage reste encore rentable et le risque est diminué par la présence de l’Etat.

Entrer dans le capital des banques c’est surtout assurer la solidité des banques vis-à-vis des marchés étrangers. Et aussi d’assurer le maintien d’une activité bancaire en accord avec la demande de crédit de l’économie du pays, c’est-à-dire éviter les situations où les banques ne prêtent plus. Mais il faut faire attention, car si dans l’idée, la nationalisation d’une banque parait profitable, empiriquement et notamment en France on constate que ce fut rarement couronné de succès et bien souvent c’est le contribuable qui paye les frais de mauvaises gestion (exemple : CFF, Crédit Lyonnais,…).

En conclusion, nous pouvons dire qu’heureusement en Europe la question de la régulation financière est posée. Mais, une politique européenne semble dès à présent mal adaptée pour répondre à un problème d’une telle envergure. Une nationalisation quant à elle serait bien plus coûteuse qu’il y a un an, mais semble encore profitable aux vues des résultats financiers des banques. 

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