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Pourrait-on annuler nos dettes ?

dette

Difficile de concevoir cela pour nous autres citoyens, en cas de défaut, c'est toute la richesse de chacun qui va au créancier. Aujourd'hui la Grèce a très peu de chances de pouvoir tenir ses engagements face à ses prêteurs, lui serait-il possible de renoncer tout simplement de payer ?

Possible mais dangereux

Les Etats des nations, sont souverains, c'est à dire qu'ils détiennent tout pouvoir sur leurs politiques. Il n'y a pas de lois internationales qui s'appliquent à tous, le cas échéant, il n'y aurait pas de guerre. Il est donc possible pour un Etat de refuser de payer ses créanciers étrangers. Il peut faire cela partiellement ou totalement. Dans ce cas, les dettes sont tout simplement annulées et les prêteurs mécontents.

Cela paraît si simple, on pourrait tous annuler nos dettes comme un coup de baguette magique, ça serait fini la politique de rigueur en Europe et tout le monde serait heureux. C'est très beau, mais ce n'est pas la réalité. Disons qu'il existe des règles de bon sens, comme dans la vie commune, quand on fait un prêt, on le rembourse. Si un Etat transgressait cette règle, toute la planète le saurait, et plus personne ne prêterait à ce dernier. On croirait aisément que la société mondiale repose sur des bases solides. Il n'en est pourtant rien, l'économie de notre planète repose sur la confiance, si celle-ci n'est plus, alors on parle de crise et de récession.

Plus concrètement, vous souhaitez louer votre appartement, vous avez une proposition, vous connaissez la personne et par ailleurs vous savez que dans son précédent logement elle ne payait pas les loyers. Loueriez-vous votre appartement à cette personne ? Bien sûr que non. C'est simpliste mais le marché de la dette repose sur le même système. Nous avons déjà pu tester cela par une expérience naturelle avec l'Argentine qui avait fait défaut en 2001. Depuis, elle n'a toujours pas accès aux marchés internationaux.

Un défaut grec sanctionnerait toute la zone euro

Il semble actuellement inévitable, mais il est difficile à avaler, après deux plans d'aide et des restructurations, la Grèce paraît clairement insolvable. Il est d'ailleurs question d'annuler 50% de la dette. Cela serait un cuisant échec pour l'eurozone qui se payerait à tous les étages. D'abord au niveau des Etats européens ayant fortement aidé la Grèce, puis au niveau des créanciers privés que sont les banques (et on connait l'exposition des banques françaises) et pour finir la crédibilité de la politique européenne.

Un tel défaut pourrait aussi faire apparaître une forme d'aléa moral, si la Grèce refuse de payer ses dettes, le Portugal, l'Espagne ou même encore l'Italie pourrait s'en voir tentés. Les Etats accepteraient de faire n'importe quoi sous couvert de pouvoir dire « non » dès que les échéances approchent. Cette situation n'est pas acceptable, mais si elle se propageait cela serait un drame pour la zone euro, celle-ci imploserait très probablement. Car aujourd'hui, les Etats payent le risque agrégé de la zone euro, en s'impliquant dans l'aide au grecs, la France prend des risques, et ses taux obligataires s'accroissent. Au point où en la Grèce, il serait surement plus profitable de la sauver une bonne fois pour toute plutôt que de l'aider à moitié et de perdre les aides.

Ce qu’il faut retenir, c’est que renoncer à payer ses dettes n’est pas plus une solution que de fuir sa ville avant l’attaque. De toute manière, un Etat ne peut pas réellement renoncer à payer ses dettes, une fois le défaut effectué, les dettes restent en suspend, si le pays débiteur veut pouvoir revenir sur les marchés financiers internationaux, il faut qu’il finisse de régler ses comptes. C’est le cas de l’Argentine qui attend toujours, mais qui espère pouvoir revenir sur le marché obligataire cette année. 

 

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  1. Tu es en Licence d'éco non ? Le prof que j'ai actuellement, n'a pas l'air très rassuré quant à lui sur la situation européenne. Concerant le défaut grec, ils font volontairement trainer pour éviter la panique et surtout pour éviter de voir leur taux obligataire grimper. A mon avis, on est plutôt sur la mauvaise pente :D

  2. Moi ce qui me fait rire c'est qu'en cours la plupart de mes professeurs soutiennent que la situation actuelle de la France et de l'Europe en général est bonne, que tout va s'arranger (je me suis même un peu accrocher avec l'un de mes professeurs qui doit sans doute vivre dans le paye merveilleux des bisounours).
    Toutes les réunions des pays même de l'UE ne sont faites que pour décider de la date de la prochaine réunion. Rien est réellement fait mais font croire aux potentiels électeurs qu'ils sont super actifs sur la scène internationale.
    Crise qui se succèdent mais "tout va bien" et "tout va s'arranger"...S'arranger avant la prochaine crise en fait...

    Une question : "Quand est-ce qu'ils vont annoncer officiellement le défaut de paiement de l'Etat Grec ?

  3. Trader invité Monsieur tout le monde

    Après avoir lu les messages plutôt pessimistes ci-dessus, je me permets simplement de rappeler que les comptes de l'état ne se gèrent pas comme les comptes d'un ménage pour la raison qu'un état est par définition éternel et non le ménage. Les dépenses de l'état providence ne peuvent être équilibrées et le recours à l'emprunt est obligatoire. Cela ne justifie en aucun cas les dettes publiques abyssales engendrées par le déficit public.
    Je suis cependant tout à fait d'accord que les politiques se sont refilés la patate chaude de la dette de main en main sans jamais agir réellement et c'est encore le cas comme le prouve le nombre de réunions des pays de l'UE pour ne strictement rien décider quant au sauvetage de la Grèce. La première valeur défendue par l'UE est la solidarité, pour le concept tout le monde est pour, lorsqu'il y a de l'argent en jeux, doucement on va réfléchir, pendant ce temps la situation s'aggrave.
    Enfin, la situation française est relativement grave mais nous sommes dans ce que j'appelle le "moins pire", en effet nous ne sommes pas (encore) insolvable. Vis à vis de la situation mondiale ce n'est pas si mal.

    économiquement,
    M. Tout le monde.

  4. Le voulons-nous vraiment, le pouvons-nous ?
    Le pays n’est pas une banque, la mondialisation, l’européanisation est oppressante.
    +de dette il y aura, - d’argent il y aura.
    C’est l’empreint qui fait tourner la machine, et qui crée l’endettement. Une absurdité, totalement aberrant, pourtant bien réel. Donc déposer ts le bilan. Vivre avec tjrs moins, dépenser toujours plus, tel est le destin. Sauve qui peut.

  5. Bonjour,
    Je poserais la question autrement, pour faire court : l’État français pourra-t-il honorer ses dettes en 2012 et au-delà ?
    En 2012 la France devra lever 180 milliards d'€ sur les marchés pour payer ses créanciers et financer le déficit budgétaire or ça y est, le spread des obligations françaises est entré dans l'asymptote, précédé par les CDS. Nous en somme qu'au début bien sûr, les différences par rapport au bund sont encore minimes. Mais derrière l'Espagne et l'Italie, les derniers en date, la France amorce son accélération vers des taux himalayens. Tout cela en accéléré grâce aux chèques (en bois) que l'on s'empresse d'injecter dans le tonneau des Danaïdes grec. A ce titre je ferai remarquer que le plan de juillet (et son chèque de 15 milliards à emprunter en sus) n'est même pas encore opérationnel qu'il faut déjà en faire un autre (plus gros).
    Un État n'annule pas ses dettes, ils propose un plan généralement négocié de restructuration à ses créanciers et il le fait lorsqu'il ne peut plus rembourser.
    l’État vit très au dessus des ses moyens, la France ne produit plus suffisamment de richesses pour financer son train de vie depuis longtemps et il le finance à crédit. Mais tout à une fin et nos "hommes" politiques qui se succédés au pouvoir n'ont jamais regardé plus loin que leurs échéances électorales, il ont tous laissé la m...e pour les suivants, et voila. Résultat, malgré tout les subterfuges pour faire monter artificiellement le chiffre du P.I.B. nous sommes ruinés, comme tous les pays d'Europe, et notre seul espoir réside dans "la confiance des marchés" pour que les taux restent suffisamment bas afin que nous puissions creuser le déficit et payer nos dettes, comme si de rien n'était.

    Mais ce n'est pas ce qui va arriver.

    Je dis tous les pays d'Europe car nos amis allemands ne sont guère en meilleur posture, même en sortant de l'Euro ils perdront leurs principaux clients lorsque les autres pays européens s'enfonceront dans la grave récession qui s'annonce.

    Voila, je dis ça, je dis rien...



  6. Un état de fait pourtant si simple comme vous le dites dans l'article... Mais ô combien difficile à faire comprendre aux gens que je connais (comme beaucoup de réalités du monde économique d'ailleurs)!

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