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La politique énergétique en Europe et aux Etats-Unis

charbon

En France, les prix de l’énergie et surtout de l’électricité  sont relativement faibles, néanmoins il devrait continuer à croitre. C’est le constat que font deux économistes dans une récente note parue au Conseil d’Analyse Economique. L’instabilité des prix, ainsi que les coûts en investissement nécessaires pour supporter une évolution énergétique pousse les industriels de l’énergie à revenir à d’ancien produit.

Le constat énergétique européen

Le rapport propose un graphique particulièrement synthétique, montrant la position de chaque pays en fonction du prix de l’électricité pour les industries et pour les ménages.

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La France a une position assez privilégiée, en effet cela s’explique par deux raisons. Premièrement, le choix du nucléaire au début des trente glorieuses, à ses débuts, l’énergie nucléaire coûtait relativement cher vis-à-vis des coûts d’investissement, mais désormais les centrales sont rentabilisées, et le coût de production demeure très faible. Autrement, les prix sont aussi maintenus par une forte présence de l’Etat français dans les organismes de production et de distribution d’électricité, cette présence accrue vis-à-vis des autres pays européen permet un contrôle des prix de revente de l’énergie. Au niveau européen, on distingue une zone assez homogène de prix, ainsi que 3 pays en marge, l’Italie, l’Allemagne et le Danemark.

Attaque du gaz de schiste et retour du charbon

Aux Etats-Unis, les effets de la ruée vers le gaz de schiste se font désormais sentir. Beaucoup ont parié sur l’échec de la politique américaine à ce propos, et pourtant économiquement parlant, c’est une franche réussite. La conséquence directe, c’est une augmentation massive de l’offre qui a provoqué une baisse du prix de l’énergie d’environ 75%, ce qui est titanesque. De plus les importations du Moyen-Orient ont reculé le 20%. Historiquement, les Etats-Unis sont fortement dépendants des pays du Golfe, ils travaillent à faire cesser cette nécessité. D’un autre côté, c’est désormais la Chine qui a besoin de ressource, on estime d’ailleurs qu’en termes énergétiques elle sera dépendante à plus de 80% de l’étranger, et notamment de l’Afrique et des pays du Moyen-Orient.

Un cas intéressant est celui de l’Allemagne et du Japon qui ont décidé de sortir plus ou moins du nucléaire. En conséquence, c’est le retour de l’énergie thermique, s’accompagnant d’une reprise de la hausse du coût de l’énergie, aux Etats-Unis le coût de l’électricité est de 50 euros le Mégawatt, 115 euros en France, 140 euros en Allemagne et environ 300 euros en Asie. La différence de compétitivité entre l’Europe et les Etats-Unis est énorme, et les entreprises les plus énergivores s’y tournent bien sûr, cela crée une nouvelle forme de délocalisation pour les entreprises industrielles européennes. Toutefois, en excluant l’impact de la baisse du prix de l’énergie aux USA, le prix de l’énergie européenne va continuer à croitre, et l’étude quantitative montre qu’une hausse du prix de l’électricité aura un impact inévitable sur la quantité d’exportations (car augmentation du coût de production, et donc soit hausse du prix de vente, soit baisse dans la gamme des produits). L’étude montre qu’une hausse d’environ 10% sur le prix de l’électricité aurait un impact négatif sur les exportations d’environ 2%. Mais cette hausse fortement probable du prix, c’est aussi un signal qui doit être donné aux entreprises et aux ménages, sur ce point, en France la communication est inexistante. Et c’est dramatique, car si les entreprises les plus grandes l’auront prévu d’elles-mêmes et auront investi sur des réductions de consommation ou de nouvelles technologies, les ménages et les petites entreprises ne l’auront pas fait, et se retrouveront dos au mur.

Le problème de cette forte disparité, c’est qu’aux Etats-Unis, le prix de l’énergie a tellement baissé à cause de l’exploitation du gaz de schiste que désormais l’exploitation du charbon n’est plus intéressante. Mais ce qui est dramatique, c’est  qu’ils continuent à l’extraire, et ne peuvent l’écouler, alors les producteurs envoient le charbon à prix cassés en Europe, et malgré une phase de récession, on voit une reprise la quantité d’émission de CO2, notamment en Allemagne.

Les Etats-Unis pourraient-ils plutôt envoyer le gaz en Europe pour maintenir un prix stable ?

Non, le coût du transport du gaz est énorme, les méthaniers sont des navires extrêmement couteux pour des raisons de sécurité (l’explosion d’un méthanier est excessivement rare, mais la destruction est totale sur un rayon de 3.5 km, ce qui a l’entrée d’un port suscite l’inquiétude). En conséquence, contrairement au pétrole, il n’y a pas un marché mondial du gaz pour ces raisons de coût du transport, et à ce titre les européens sont donc fortement dépendants de la Russie pour l’approvisionnement en gaz.

En France nous avons du gaz de schiste, pourquoi ne pas l’exploiter pour suivre les USA ?

Premièrement, les estimations de la quantité de gaz de schiste présente en France sont assez larges, et on ne sait pas réellement s’il y en a en quantité suffisante. D’autre part, la France a une densité trois fois supérieure à la densité américaine, avec une ruralité bien plus implanté. Les normes de sécurité ne peuvent donc pas être les mêmes, en France les investissements dans les puits seraient bien plus importants. Au final, l’étude en conclut qu’exploiter le gaz de schiste en France ne ferait pas réellement diminuer le prix de l’énergie. Par fracturation hydraulique, le risque est trop important, à moins de trouver de nouvelles technologies d’extraction, a priori il faut y renoncer.

Alors les énergies renouvelables ou le nucléaire ?

Il ne faut surtout pas s’affoler sur le nucléaire, le risque comme le souligne Philipe Martin, c’est de démanteler des centrales trop rapidement. Le risque de connaitre une situation allemande est important, car de la même façon, la France se tournera alors rapidement vers des énergies alternatives, et pour l’heure les énergies renouvelables sont bien trop chères pour remplacer le parc nucléaire français. Le pétrole est trop cher, le gaz aussi, le gaz de schiste nous ne l’exploiterons probablement pas, ne reste que le charbon, l’exemple de l’Allemagne est très criant. Il faut savoir que l’investissement dans une centrale thermique se fait sur une horizon d’une soixantaine d’années environ, prendre aujourd’hui des paris sur le charbon à 60 ans, c’est un risque d’investissement énorme (si les crédits carbone augmentaient, cela mettrait l’ l’industrie  énergétique en péril). Il faut maitriser la sureté des centrales, mais attention à ne pas se ruer sur un démantèlement général. Au niveau des énergies renouvelables, elles sont assez couteuses en matières premières, et encore plus en termes d’implantation sur le réseau. Concernant le coût généré pour les réseaux, il est 50 fois plus élevé pour le solaire que pour le pétrole (et 38 pour l’éolien). La maintenabilité d’un réseau basé sur l’énergie renouvelable ne peut donc pas être assurée, elle manque cruellement de concentration. Ce qui serait possible, c’est de localiser justement la redistribution, par exemple un ménage qui investit dans des panneaux solaires peut disposer d’une offre d’EDF qui va raccorder le ménage au réseau général, mais cela a un coût et fractionne encore le réseau (de plus, on estime la perte par effet joules dans le câble d’environ 5% du courant consommé). Au lieu de faire cela, autant faire directement profiter au ménage de son électricité produite, cela évite le coût d’implantation dans le réseau ainsi que le coût de la maintenance.

En conclusion, aucune solution pour l’heure viable en Europe. Attention à ne pas suivre l’Allemagne et le Japon dans l’arrêt du nucléaire, mais plutôt investir dans la sureté. Le coût de la tonne de carbone en Europe est de 3 €, ce qui est ridicule, mais cela montre avant tout que l’Europe, malgré la publicité, ne croient absolument pas dans les énergies renouvelables et s’offrent plutôt le luxe de revenir au charbon pour des décennies…

source:http://www.cae.gouv.fr/

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