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La manipulation du LIBOR par les banques

london

Récemment nous avons appris que la célèbre banque anglaise Barclays avait avoué avoir manipulé le LIBOR. Cette action montre toutes les dérives possibles générées par le milieu bancaire. Cette manipulation, est bien plus grave que ce qu'il n'y paraît, car si auparavant on attaquait les banques sur le plan du risque, aujourd'hui elles avouent mentir au monde entier.

Le LIBOR ?

Le LIBOR signifie London Interbank Offered Rate. En mots clairs, c'est un taux dit « interbancaire », c'est à dire un taux auquel les banques, se prêtent entre elles. Mais ce n'est pas un taux défini, il n'y a personne pour dire « toutes les banques se prêtent nécessairement à ce taux ». Il faut comprendre que les banques se prêtent entre elles au taux qu'elles désirent, le LIBOR est alors seulement une moyenne des taux des différents emprunts contractés entre les banques choisies pour le calcul. Le taux auquel une banque prête se base avant tout sur le taux directeur de la banque centrale ajouté à une prime de risque.

Le LIBOR à la base ne servait que d'indicateur, pour connaître le coût du crédit privé de base. Mais à la longue, de par sa stabilité il est devenu un indicateur de référence, au même titre par exemple que le cours d’un actif comme une devise, il sert d’indice pour des crédits. En effet, les prêts à court terme à taux variables sont indexés sur le LIBOR ajouté d’une prime de risque selon les clients.

En quoi la manipulation du LIBOR est-elle grave ?

Les banques pourraient manipuler le LIBOR seulement pour, par exemple masquer une situation de crise ou seulement fausser les informations. Mais ici, c’est différent, comme nous le disions une énorme partie des emprunts contractés par l’économie « réelle » sont affectés par ce taux de référence.

D’autre part, cela marque avant tout l’environnement autarcique dans lequel les banques évoluent et opèrent. Le LIBOR  est défini au fixing à 11 heure chaque jour, il est publié par la BBA (British’s Bankers Association). Ce sont les banques qui communiquent à la BBA  l’ensemble des taux de prêts dans les différentes devises et aux différentes maturités. Les banques peuvent alors fournir des taux erronés.

L’échantillon de banque choisi par la BBA exclut les banques proposant des taux visiblement erronés ou subissant une crise de liquidité qui fausse les taux. Les banques choisies ne sont pas toujours les mêmes, mais certaines sont quasi systématiquement sélectionnées (grandes banques). Le taux étant une moyenne des taux de nombreuses banques, une banque seule ne peut pas peut modifier le LIBOR  à elle seule, car pour véritablement impacter le LIBOR , il faudrait alors faire fortement varier ses taux ce qui attirerait bien sûr le regard du régulateur. Pour l’instant seul Barclays a avoué mais il semble que certaines banques américaines soient aussi concernées comme Citigroup ou JP Morgan. Autrement, la RBS et la Société Générale sont aussi intéressées par les enquêtes.

Aléa moral et leçon à prendre

Si une collusion importante est avérée entre les banques disposant plus ou moins d’un siège au LIBOR, alors cela sera la marque d’une très grave dérive éthique du milieu bancaire, fondamentalement plus grave que les risques pris ayant déclenchés la crise de 2008. La banque est aujourd’hui un instrument extérieur à l’économie qui ne jouit que de son assise illégitime par la nécessité à l’économie du pays de sa survie. Si les banques s’accordent tous les droits, c’est que le monde doit sa survie à elles. On peut détruire l’industrie, l’agriculture ou encore bien d’autres secteurs, la catastrophe n’est que locale. La chute d’une seule banque américaine a projeté le monde en crise depuis 2008.

Lorsque vous achetez un vélo, vous y faites attention, vous acheté un anti-vol. Lorsque vous prenez une assurance contre le vol, l’anti-vol ne sert plus à rien, car le risque est garanti par l’assureur. L’aléa moral, c’est de réagir moindrement à un risque lorsqu’il est garanti que lorsque ce n’est pas le cas. Les banques savent que quoi qu’il arrive, elles ne risquent rien car le spectre d’une crise de liquidité est trop grand. Lorsqu’elles sont en difficultés, la banque centrale leur offre des crédits quasi gratuits et lorsqu’elles sont en périls, c’est le contribuable qui paye.

En conclusion, comme nous le rappelons souvent, le système bancaire dispose aujourd’hui d’un trop fort pouvoir et d’une trop forte indépendance. Le comportement des banques qui manipulent les taux de référence en est le reflet. Une réforme de la finance mondiale est urgente, les dirigeants n’ont rien compris de la crise de 2008. 

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  1. Le dernier paragraphe est tellement vrai... Mais que font-ils??? On va vers un bis repetita ???
    Merci Roland encore un bon article!!!

  2. Merci pour l'article Roland

  3. En effet, ici je faisais qu'une approche disons quantitative. Mais au point ou l'agriculture en est dans la composition du PIB, en France elle est très faible et surtout elle est perfusée par des primes PAC. Si on retire la perfusion, l'agriculture francaise disparaît.

    L'agriculture, avant même l'industrie est LE secteur de la compétitivité-coût. En dehors de sortir de la moyenne en faisant du haut de gamme, la France est incapable de maintenir son agriculture dans la mondialisation. Je pense qu'on peu affirmer que la France peut détruire son agriculture comme elle le fait depuis 30 ans sans générer un impact aussi fort que la chute d'une banque comme BNP ou la SG. Car a delà de créer du chômage, ça ne provoque pas de crise systémique. Par contre évidemment, c'est particulièrment néfaste pour l'économie à moyen terme, j'en conviens, mais ça ne fait pas descendre les gens dans la rue.

  4. Trader invité toto

    Bonjour lagonsvert,
    faîtes attention à prendre la phrase dans son ensemble:
    «On peut détruire l’industrie, l’agriculture ou encore bien d’autres secteurs, la catastrophe n’est que locale.»
    Notez bien qu'il s'agit d'une destruction locale. Vous mangez quoi du coups? Tout simplement la nourriture que vous importez.
    Vous qui parlez de connexion avec la réalité, vous devriez savoir que c'est déjà le cas actuellement dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie du sud. Les productions agricoles sont si peu cher en Amérique du nord et en Europe, que les agricultures autres que non-vivrières sont inexistantes (ils importent toute leur consommation dans les villes). À la moindre crise, ces régions se trouvent donc particulièrement touché par la famine.

  5. Oui Roland est économiste avant tout!

  6. Article pas mal, seule B mol qui passe pas très bien, à vrai dire pas du tout. "On peut détruire l’industrie, l’agriculture ", Pouvoir détruire l'agriculture !? Peut-on me dire sans agriculture on mange quoi ? de l'argent !? sans agriculture pas de nourriture pour les animaux également, donc l'humanité est privé de viande aussi. On se tourne vers qui ? Monsanto !? On mange du chimique avec une espérance de vie de 30 ans. Si vous pensez réellement ce que vous avez écris . Vous êtes complétement déconnecté de la réalité et omnibulé sur les chiffres et la bourse. Comme nos gouvernement.

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