Dette privée dette publique

Chaque jour, la dette de l'État suscite les foudres des agences de notation, des prêteurs, des politiciens et des médias. La France est d'ailleurs assez mal placée sur ce thème. Mais avons nous déjà entendu parler de la dette privée ? Là, ce n'est plus la même chanson, et si les ménages français étaient plus vigilant que leurs gouvernants ?

La dette de la nation 

Il ne faut pas confondre dette publique et dette de la nation, la dette publique est celle contractée par l'État, les collectivités locales et autres entreprises publiques. Alors que la dette de la nation, c'est le cumul de la dette publique et de la dette privée. La dette privée représente l'endettement des ménages ajouté à celui des entreprises. 

Avec les données de l'INSEE, j'ai pu réaliser ce petit graphique représentant l'état de l'endettement en France.

Ces valeurs ne sont pas réellement comparables dans la mesure où elle s'expriment dans des unités  différentes. En ce qui concerne les sociétés, on considère le pourcentage d'endettement par rapport à la valeur ajoutée, pour les ménages, c'est la part de l'endettement dans le revenu brut disponible et pour finir, le taux d'endettement public représente la part de la dette dans le PIB. Mais de manière globale, sont mesurés ici, les taux d'endettement par rapport aux richesses gagnées par chaque entité. Par contre, nous pouvons comparer les évolutions, avant tout, on note une progression monotone de l'endettement des ménages sur la décennie passée soulignant l'influence anglo-saxonne portée sur la France. Il faut souligner que durant les années 90, ce taux d'endettement était resté très stable sous les 60%. 

La France: ménages peu endettés 

A chaque reprise, la France est critiquée sur ses déficits publics. Avec une dette de 83,5% en 2010 et dépassant les 88% sur 2011, l'effet d'éviction commence à se faire sentir. Le Royaume-uni, quant à lui, traine un encours à hauteur de 76,5% de son PIB en 2010. C'est 7% de moins que la France, le Royaume-uni bénéficie ainsi de taux d'emprunt bien plus faible. Pourtant, la situation de l'endettement outre Manche (et surtout outre Atlantique) est bien plus grave qu'en France qui elle, paye ses prêteurs bien plus cher.

L'endettement des ménages en France par rapport à la revenu disponible est de 75% en moyenne aujourd'hui, certes cela paraît élevé, mais au Royaume-uni ce taux est de 146% soit presque le double et aux États-Unis il est de 157%. Les banquiers considèrent ce taux dangereux à partir de 30%. C'est dire le risque que prennent les ménages anglo-saxons. Cela signifie que sur une année, en moyenne, aux USA, un ménage aura 157 000 $ de dettes pour 100 000$ gagnés dans l'année. Évidemment, la capacité à rembourser dépend des mensualités ainsi que du taux d'intérêt (qui donne réellement le taux exigé par le banquier). 

La différence, c'est que les ménages américains et britanniques sont à bout, la consommation s'en trouve limitée par une incapacité à s'endetter d'avantage sous risque de défaut. A ce moment, faire une relance par la demande dans ces pays devient peu utile dans la mesure où les ménages, déjà acculés de dettes profiteront d'un expansionnisme budgétaire pour refaire leur épargne en supposant une hausse des impôts par la suite (équivalence ricardienne). 

Seul les pays latins responsables s'en tirent sur leurs dettes privées, c'est à dire la France et l'Italie. Dans l'UE, la France a un taux d'épargne des ménages de plus de 15% et l'Italie de 14,5%, alors que le Royaume-uni n'en a que 2,5%. La marge de manœuvre est donc bien plus importante pour la France que pour le Royaume-uni en cas d'une aggravation de la crise. 

SOURCE:

-Données de l'INSEE sur l'état de la dette en France: INSEE

-Données de l'endettement au niveau international: Gecodia